HÔPITAL DE BIYEM-ASSI : 75 % DES LITS OCCUPÉS PAR DES PATIENTS VICTIMES D’AVC

À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre les accidents vasculaires cérébraux, célébrée le 29 octobre, Esbimedia a rencontré le Dr Irène Ngo Tjen, cardiologue à l'Hôpital de District de Biyem-Assi. Elle nous éclaire sur l'impact des AVC au Cameroun, les facteurs de risque et les mesures préventives à adopter pour protéger notre santé. Elle souligne que près de 75 % des lits de l'établissement sont occupés par des patients ayant subi un AVC. Cette réalité alarmante met en lumière l'importance cruciale de la sensibilisation et de la prévention face à cette pathologie.
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Esbimedia : Qu’est-ce qu’un accident vasculaire cérébral (AVC) ?   

Un accident vasculaire cérébral est une pathologie cardiovasculaire qui affecte les vaisseaux sanguins au niveau du cerveau. Il existe deux types d’accidents vasculaires cérébraux : l’AVC ischémique, causé par un thrombus qui bloque une artère, et l’AVC hémorragique, dû à la rupture d’une artère cérébrale.

Esbimedia : Qu’est-ce qui est à l’origine d’un AVC ?   

Souvent, ce sont des patients souffrant d’hypertension artérielle qui ne prennent pas leurs médicaments (la plupart ignorent qu’ils en souffrent) qui sont les plus susceptibles de faire un AVC. On n’en parle pas assez, mais le stress fréquent est également une cause à ne pas négliger. Cela peut se compliquer en AVC ischémique ou en AVC hémorragique, comme je l’ai mentionné précédemment.

Esbimedia : Existe-t-il une différence entre un AVC et une maladie cérébrale ?   

Un AVC est une complication des maladies cardiovasculaires. Pour expliquer, les maladies cardiovasculaires touchent le cœur et les vaisseaux, et la pathologie la plus fréquente est l’hypertension artérielle. On parle d’hypertension lorsque la pression artérielle est supérieure ou égale à 140/90 mmHg. Lorsqu’un patient est diagnostiqué d’une tension aussi élevée, il est essentiel qu’il suive à la lettre les prescriptions médicales, c’est-à-dire les mesures d’hygiène, et prenne ses médicaments quotidiennement, à la même heure.

Esbimedia : Quelles sont les complications qui peuvent conduire un patient hypertendu à un AVC ?   

Les complications surviennent lorsque le patient hypertendu ne suit pas correctement son traitement. La complication la plus courante ici au Cameroun est l’accident vasculaire cérébral. Nous avons aussi des complications cérébrales, cardiaques, rénales et hépatiques.

Esbimedia : Comment savoir si l’on est en train de faire un AVC ?   

C’est très simple. Les premiers signes incluent la diminution des mouvements, des difficultés à parler, et une lenteur dans l’écriture. Des céphalées intenses et récurrentes peuvent également survenir. Même nous, en tant que professionnels, nous remarquons parfois une lenteur dans nos gestes. On peut alors se poser des questions comme : « Pourquoi je ne marche plus normalement ? » ou « Pourquoi ma vue est-elle floue ? » Tous ces signes peuvent être des indicateurs d’un AVC.

Esbimedia : Quelles sont les statistiques de cette maladie au Cameroun ?   

C’est une pathologie très répandue, touchant plus d’un milliard de personnes dans le monde. Elle atteint une personne sur trois. Au Cameroun, on estime que 10 % de la population est touchée par un AVC. À l’hôpital de district de Biyem-Assi, presque tous nos lits sont occupés par des patients ayant subi un AVC. Ils représentent environ 75 % de nos patients. Ces personnes souffrent principalement d’hypertension artérielle, qui est la pathologie la plus fréquente des maladies cardiovasculaires.

Esbimedia : Que faire pour éviter un accident vasculaire cérébral ?   

Il est primordial de se faire dépister. Lorsqu’un adulte atteint 45 ans pour un homme et 55 ans pour une femme, il est conseillé de consulter et de faire un check-up. Il existe des facteurs de risque modifiables et non modifiables. Il faut adopter une alimentation peu salée, moins sucrée et limiter la consommation d’huile. Il est également conseillé de réduire l’alcool, d’arrêter le tabac et de pratiquer une activité physique d’au moins 30 minutes trois fois par semaine. Consommer beaucoup de fruits et légumes est également recommandé. Ces mesures, qui sont non médicamenteuses, aident à prévenir les maladies cardiovasculaires.

Esbimedia : Quelles recommandations donnez-vous en ce jour pour être à l’abri d’un AVC ?   

Comme on dit, « Un homme en santé est un malade qui s’ignore ». Il est crucial de passer des examens de routine dans un centre spécialisé. N’attendez pas d’être malade pour consulter un cardiologue. Faites-vous dépister pour éviter l’irréparable.

Propos recueillis par Leaticia Memoli

Relecture : Ivane Messi

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