EXCLUSIF – CINEMA CAMEROUNAIS : INTROSPECTION DANS UN UNIVERS A LA FOIS RESILIENT ET EN ÉVOLUTION

Le cinéma camerounais, longtemps éclipsé par des productions d'autres pays comme le Nigéria, connaît aujourd'hui une renaissance fascinante. Avec une créativité débordante de la nouvelle génération des cinéastes et réalisateurs camerounais et une volonté de raconter des histoires authentiques. Mais sans un appui conséquent des autorités, les cinéastes et réalisateurs camerounais peine toujours à s'imposer sur la scène internationale, tout en restant résilients et profondément ancrés dans leur culture et leur réalité sociale.
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Depuis quelques années, le secteur cinématographique au Cameroun a pris un nouvel élan. Des festivals comme les écrans noirs, les rencontres internationales de films courts, le festival international des images comiques ou encore le cameroon international film festival mettent en avant les talents locaux et favorisent les échanges entre professionnels. Ces événements permettent aux cinéastes d’explorer des thématiques variées, allant des récits traditionnels aux enjeux contemporains tels que l’immigration, les droits des femmes et les conflits sociaux. Les réalisateurs camerounais s’attachent à raconter des histoires qui résonnent avec leur public. Des films comme « Paris à tout prix » de Joséphine Ndagnou et « Les saignantes » de Jean-Pierre Bekolo illustrent cette volonté de représenter la réalité locale avec honnêteté et sensibilité. Ces œuvres ne se contentent pas de divertir ; elles invitent également à la réflexion, suscitant des débats sur des questions sociétales cruciales, comme l’immigration clandestine.

L’arrivée des nouvelles technologies a également transformé le paysage du cinéma au Cameroun. Grâce à des plateformes de streaming et à l’accessibilité accrue des équipements de tournage, de nombreux jeunes talents à l’instar de frank Lea Malle peuvent aujourd’hui réaliser leurs projets sans les contraintes financières des productions traditionnelles. Cela ouvre la voie à une diversité d’expressions et de styles visuels, rendant le cinéma camerounais encore plus riche et varié. Malgré ces avancées, le secteur fait face à des défis importants. Le financement reste un obstacle majeur, tout comme la nécessité de former davantage de professionnels dans les domaines techniques et artistiques. De plus, la distribution des films locaux nécessite encore des efforts pour atteindre un public plus large tant au niveau national qu’international.

Malgré le potentiel indéniable de l’industrie cinématographique au Cameroun, les efforts du gouvernement pour soutenir ce secteur demeurent largement insuffisants. L’un des principaux défis auxquels fait face l’industrie cinématographique camerounaise est le manque de financement. Les subventions gouvernementales sont souvent rares et insuffisantes pour couvrir les coûts de production élevés. Les cinéastes doivent souvent compter sur des fonds privés ou des investissements extérieurs, ce qui limite la diversité et la qualité des productions locales.

Le Cameroun ne dispose pas d’une politique culturelle claire et cohérente en matière de cinéma. Les initiatives sont souvent sporadiques et manquent de vision à long terme. Cela crée un environnement incertain pour les investisseurs et les créateurs, qui ont besoin de stabilité pour planifier et réaliser leurs projets. L’un des aspects les plus négligés est la distribution des films camerounais. Les salles de cinéma sont rares, ou n’existent pas. De plus, la promotion des films locaux est souvent limitée, ce qui rend difficile l’accès du public à ces œuvres. Les festivals de films, bien qu’importants, ne suffisent pas à compenser cette lacune.

Le manque de soutien gouvernemental se traduit également par une faible visibilité sur la scène internationale. Les films camerounais peinent à se faire une place dans les festivals internationaux, ce qui limite les opportunités de co-production et d’échanges culturels. Les faibles efforts du gouvernement camerounais pour soutenir l’industrie cinématographique constituent un frein à son développement. Pour que le cinéma camerounais puisse prospérer et rivaliser sur la scène internationale, une volonté politique forte et des actions concrètes sont nécessaires. Le gouvernement doit reconnaître l’importance du cinéma non seulement comme vecteur de culture, mais aussi comme moteur économique, et s’engager à mettre en place des politiques durables pour soutenir ce secteur vital.

Cependant, l’avenir du cinéma camerounais semble prometteur. Avec l’engagement croissant des jeunes cinéastes et réalisateurs, et le soutien des institutions culturelles, le Cameroun pourrait bien devenir un acteur incontournable de l’industrie cinématographique en Afrique et au-delà. Le cinéma camerounais est en pleine mutation et en plein essor, alliant tradition et modernité. Cette introspection dans un univers en évolution révèle non seulement la richesse de la culture camerounaise, mais aussi son potentiel créatif inexploré. En célébrant ses histoires et ses talents, le Cameroun se positionne comme une terre fertile pour le cinéma, prêt à conquérir le monde.

Rédacteur : Joakim IPELA

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