LA LOTERIE AMÉRICAINE, UN BUSINESS LUCRATIF POUR DES JEUNES CAMEROUNAIS

Un gérant de cyber-café confie que, trois semaines après le début de la campagne d’inscription, son entreprise a reçu 250 Camerounais, tous sexes confondus, rêvant de fouler le sol américain.
0
141

Depuis le 2 octobre dernier, les rues de Yaoundé sont inondées d’affiches pour faciliter les inscriptions à la loterie américaine. Au quartier Ngoa Ekelle, au lieu-dit Cradat, ce programme inaugure une période de vaches grasses pour les propriétaires de cybercafés et pour les « facilitateurs », comme ils se font appeler. Le rêve américain, au bout du hasard d’un tirage au sort, attire particulièrement les étudiants et de nombreux sans-emploi.

À l’entrée principale de l’Université de Yaoundé 1, un gérant de cybercafé reçoit ses clients en plein air à un rythme effréné. Ses services coûtent 1 000 FCFA par personne. Muni d’un appareil photo numérique et d’un laptop sur les genoux, Bonaventure Essousse inscrit depuis 2018 ceux qui rêvent de vivre et de travailler aux États-Unis. « Je cherche mon argent en aidant les gens à s’inscrire. Je fais aussi des photos numériques sur place. Cependant, tous ne remplissent pas les conditions. Par exemple, un niveau scolaire ou professionnel est nécessaire. Mais, conditions requises ou pas, ces gens n’ont qu’un seul rêve : aller aux États-Unis, le pays des opportunités », affirme-t-il.

Pour attirer ses clients, il a affiché une banderole prétendant avoir inscrit avec succès 110 demandeurs de carte verte entre 2018 et 2023. Cela pourrait n’être qu’une stratégie marketing, surtout dans une zone universitaire. « En semaine, je ne fais pas moins de 150 000 FCFA ; parfois, comme la semaine dernière, j’ai gagné 210 000 FCFA », dit-il.

Chaque année, le nombre de personnes souhaitant s’inscrire à la DV Lottery augmente. Cependant, il est impossible d’obtenir un chiffre précis sur le nombre d’inscriptions réalisées cette année dans son cybercafé. On apprend que leur rôle est celui de facilitateur et d’encadrement des candidats à la green card.

 « Quand nous recevons un client, nous lui expliquons la procédure. Nous faisons sa photo, nous la traitons selon les normes requises, puis nous remplissons sa fiche en ligne. Pour ceux qui n’ont pas de boîte postale ou d’adresse électronique, nous utilisons la nôtre. La photo est déterminante : si elle est conforme, les chances de gagner augmentent », explique Bonaventure.

À côté de son cybercafé se trouve Alino Computer, un autre établissement spécialisé dans la vente d’ordinateurs. Son gérant confie que, trois semaines après le début de la campagne d’inscription, son cybercafé a reçu 250 Camerounais, tous sexes confondus, rêvant de fouler le sol américain. « Je fais environ 25 000 FCFA chaque jour grâce à la DV Card », indique-t-il.

Bien que l’inscription soit gratuite, il est important de noter que le vice-consul Philip Schnorbach a récemment rappelé les modalités lors d’une conférence de presse.

« Cette année, sur les 55 000 visas pour la diversité des immigrants, le Cameroun a droit à un quota de 7 %, soit environ 2 200 personnes. Les délais d’enrôlement courent du 2 octobre au 5 novembre. Les gagnants deviennent des résidents permanents légaux et peuvent demander la citoyenneté américaine après 5 ans. Pour être éligible, il faut avoir au moins le Baccalauréat ou une expérience professionnelle avérée. L’inscription est gratuite et se fait sur le site [dvprogram.state.gov](https://dvprogram.state.gov/). Il est recommandé de ne pas attendre la dernière semaine pour s’inscrire », affirme-t-il.

Rédacteur : Joakim IPELA

Relecture : Ivane MESSI

Leave a reply