AXEL-TRÉSOR GBALLOU : « IL Y A DES SIMILITUDES ENTRE CHARLES ORNEL ET AXEL-TRÉSOR »
L’acteur et comédien ivoirien Axel-trésor Gballou est au Cameroun à l’occasion de la 28e édition du Festival Écrans Noirs qui se tient du 21 au 27 novembre 2024. Il représente le long métrage « Taxi Warren » du réalisateur Ohouot Assi (O. Assi) en sélection dans la catégorie Long métrage international. Dans cette interview, il raconte son arrivée chaleureuse dans le pays et les défis du tournage de ce long métrage où il a le rôle principal. Axel-trésor évoque également des anecdotes sur sa participation dans la série à succès « Charles Ornel, vous allez détester m’aimer ». Plongez dans l’univers de cet artiste passionné qui, par son expérience, inspire la nouvelle génération d’acteurs africains.
Esbimedia : Depuis votre arrivée, comment trouvez-vous l’ambiance au Cameroun ?
L’accueil a été chaleureux, déjà dès l’aéroport, ça se sentait. J’ai eu l’occasion de parler et de rire avec certains fans qui m’attendaient. D’autres, sur mes pages, sont fâchés avec moi, me demandant pourquoi je n’ai pas annoncé au préalable que je venais dans le pays. L’accueil est chaleureux et je me plais bien ici. Merci aux Camerounais pour leur accueil.
Esbimedia : Comment s’est passé le tournage du long métrage Taxi Warren ?
C’était assez difficile. Bien que nous ayons rencontré pas mal de soucis pendant le tournage, au final, l’œuvre a été bien accueillie par le public et les téléspectateurs. Aujourd’hui, nous avons plusieurs nominations dans différents festivals et nous avons remporté des prix. Personnellement, pour ce film, j’ai reçu le prix de la meilleure interprétation masculine lors de la Nuit Ivoirienne du Septième Art.
Esbimedia : Quel a été votre rôle dans le film ?
J’ai joué le rôle de Djimi, l’acteur principal. C’est un personnage qui, après avoir subi toutes les péripéties et galères au travail, décide de s’offrir un taxi, ce que nous appelons communément les « Warrens ». Il le fait pour multiplier ses revenus à la fin du mois, car il fait face à des difficultés financières. Pour cela, il prend un prêt bancaire. Il incite même ses collègues à acheter aussi un taxi. Malheureusement, quand il confie son taxi à l’un de ses cousins venu du village, des problèmes surgissent. Djimi doit donc faire face à ses soucis, notamment des crises syndicales et des problèmes d’argent… Je ne dirai pas plus, je vous invite à voir le film. C’est une très belle œuvre cinématographique.
Esbimedia : Comment avez-vous préparé votre personnage ?
Il m’a fallu du temps pour entrer dans la peau de mon personnage. C’est un rôle que je n’avais pas encore joué auparavant. Avec le scénariste, le réalisateur et le directeur artistique, j’ai essayé de comprendre ce qu’ils voulaient réellement à travers chaque séquence. Concrètement, je travaillais en parfaite symbiose avec le réalisateur et le directeur artistique pour comprendre exactement quelles émotions ils recherchaient. Cela n’a pas été très compliqué, car je m’entendais bien avec le réalisateur.
Esbimedia : Quelles sont les clés pour être un bon acteur de cinéma ?
Je pense que c’est le travail. J’ai été nominé aux Sotigui. C’est vrai que les Européens ont leurs Césars, les Américains ont leurs Oscars, mais nous en Afrique, nous avons les Sotigui. Si dans ma jeune carrière j’arrive à être nominé là-bas, cela signifie qu’il y a eu du travail. J’encourage mes jeunes frères acteurs qui veulent se lancer dans ce secteur à toujours travailler. Il ne suffit pas de vouloir simplement apparaître à la télévision. Si vous voulez en faire un métier, donnez-vous les moyens de réussir dans ce domaine. Pour moi, cela passe par le travail.
Il faut se former, prendre des cours de théâtre, regarder beaucoup de films et essayer de reproduire des scènes que vous voyez à la télévision devant votre miroir. Il faut travailler votre diction. Il y a beaucoup de choses à faire, et il faut se former continuellement. Il faut faire des cours de théâtre. Par exemple, Denzel Washington, grand acteur qu’il est, a continué à prendre des cours de théâtre, même après tout ce qu’il a accompli. Vous voyez que l’essence même de ce secteur se trouve au théâtre.
Esbimedia : Vous avez joué le rôle principal dans la série ‘’Charles Ornel : Vous allez détester m’aimer’’. Racontez-nous.
C’était une très belle expérience, avec une longue durée de tournage. Cela n’a pas été facile. Je dirais que c’est le tournage qui m’a le plus fatigué durant toute ma jeune carrière jusqu’à maintenant. Je pense qu’il m’a épuisé psychologiquement, émotionnellement et même physiquement. Mais au final, c’était une très belle expérience. Je salue au passage la maison de production Plan A. Je salue également toute l’équipe. Et un petit coucou à la réalisatrice Kismath Baguiri, avec qui vous avez l’impression de ne pas travailler. Même quand vous êtes fatigué elle vous redonne toujours du tonus pour rendre le personnage et transmettre l’émotion. Pour moi, c’est vraiment quelque chose de bien. Je suis très heureux d’avoir participé à cette série. Dieu merci, elle a été très bien accueillie par le public. Sincèrement, nous ne nous attendions pas à un tel engouement. Mais ce succès ne me surprend pas, quand je vois toutes les difficultés que nous avons traversées. C’est l’entraide et l’entente entre nous qui ont permis ce succès.
Esbimedia : Charles Ornel est un grand séducteur. Est-ce qu’Axel Trésor l’est aussi ? Y a-t-il un lien entre Charles Ornel et Axel Trésor ?
Je dirais qu’il y a des similitudes entre Charles Ornel et Axel Trésor, dans la mesure où Charles Ornel est assez rempli de principes, tout comme Axel. Cependant, pour le côté négatif de Charles, qui méprise les femmes, Axel n’est pas comme ça. Je tiens à rassurer tout le monde : c’est juste une fiction. Axel Trésor ne méprise aucune femme. De plus, Charles Ornel est généreux, tout comme Axel. Nous avons des similitudes, mais pas toutes, bien sûr.
Esbimedia : Avez-vous rencontré des soucis dans votre quotidien à cause de ce rôle ?
Bien sûr. Je me rappelle qu’une fois, au supermarché, une femme a eu peur de m’approcher, croyant que j’étais vraiment Charles Ornel. Elle me voyait assez sévère, assez rigoureux et assez charismatique comme dans cette série, et elle pensait qu’elle avait affaire à la même personne. Du coup, elle voulait une photo mais avait peur de s’approcher. J’ai dû la rassurer en lui disant que ce n’était qu’une série. Cela arrive souvent, car les gens pensent que je suis comme ça dans la vraie vie. Je ne suis pas comme ça dans la réalité ; je ne suis pas comme dans la série.
Esbimedia : Comment fait-on pour dissocier sa personne de son personnage ?
C’est assez difficile. Figurez-vous qu’après le tournage de Charles Ornel, j’ai refusé des projets pendant trois mois, parce que je n’avais plus rien à offrir. J’étais tellement ancré dans le personnage de Charles Ornel que j’avais du mal à en sortir. Il m’a fallu du temps pour me détacher. Quand tu t’imprègnes vraiment de ton personnage, il n’y a pas de raison que tu ne puisses pas entrer dans celui-ci, mais la difficulté, c’est de pouvoir en sortir. Pour moi, c’est le plus difficile, à tel point que j’ai passé quelques mois sans pouvoir tourner. Cependant, avec du recul, beaucoup de remise en question et de travail sur soi, on finit par se détacher, même si cela reste difficile.
Esbimedia : En dehors du temps qu’il vous a fallu pour sortir de ce personnage, avez-vous déjà refusé des projets ?
Oui, j’ai déjà refusé des projets. C’est vrai que l’on veut tourner et être sous les projecteurs, mais il faut aussi savoir choisir ses projets. Tous les projets ne sont pas utiles ni bénéfiques. Pour ma part, je parviens à sélectionner les projets dans lesquels je veux m’engager, car j’ai une ligne directrice à suivre. Je fais cette sélection en fonction de ce que le projet peut m’apporter, de son potentiel, et s’il a une plus-value pour ma carrière. Par exemple, j’ai refusé un projet parce que je pensais qu’il ne correspondait pas à ma vision et aussi, l’équipe derrière n’était pas assez professionnelle. J’ai donc dû refuser, mais avec beaucoup de délicatesse, tout en respectant le projet.
Esbimedia : Racontez-nous vos débuts au cinéma.
Le déclic a eu lieu lorsque je suis parti en colonie de vacances au cours de laquelle j’ai eu la chance de participer à des sketchs ; j’étais parfois le narrateur et je jouais aussi dans les pièces. Un de mes moniteurs m’a dit : « Axel, je pense que tu as un talent. » Je ne connaissais pas grand-chose au cinéma ou au théâtre, mais il m’a encouragé à m’y intéresser. J’ai donc décidé de terminer mes études en ingénierie informatique. En parallèle de mes cours en informatique, je prenais aussi des cours de théâtre avec Zadito Jonas, que je salue au passage. C’est grâce à lui que j’ai acquis des compétences dans ce métier.
J’ai dû laisser mon travail en informatique pour me consacrer à ma carrière d’acteur. Aujourd’hui, je considère ce secteur d’activités comme un véritable métier qui mérite d’être valorisée. Dieu merci je pense avoir fait le bon choix.
Esbimedia : Quelle est la plus grosse somme d’argent que vous ayez reçue sur un plateau ?
J’ai reçu de l’argent. Je vis du cinéma, et le cinéma nourrit son homme. En termes de chiffres, c’est plutôt pas mal, et je pense que l’on peut en vivre.
Esbimedia : Vivez-vous exclusivement du cinéma ou avez-vous d’autres activités ?
Je dirais que je vis du cinéma, mais j’ai aussi d’autres activités. Il est important d’investir et de diversifier ses revenus. J’ai des contrats dans le domaine cinématographique, mais j’ai également investi dans plusieurs domaines.
Esbimedia : En dehors d’être acteur, n’avez-vous pas envisagé d’autres métiers dans le 7e art ?
Je suis non seulement acteur, mais aussi assistant réalisateur. Peut-être que la prochaine fois que vous allez m’interviewer, je me présenterai comme réalisateur. J’ai été assistant sur la série ‘’Les Coups de la vie’’, diffusée sur A+ Ivoire.
Esbimedia : Que saviez-vous sur le Cameroun avant d’y arriver ?
C’est ma première fois au Cameroun. Avant d’arriver, on m’a dit que ce qui fait le charme du Cameroun, c’est le Ndole, et j’étais pressé de le goûter. J’ai eu la chance de le manger, et c’est vraiment délicieux. J’ai également goûté au poisson braisé, que j’ai apprécié, avec ses bons assaisonnements.
Esbimedia : Un mot pour la fin ?
Je remercie Écrans Noirs de m’avoir invité au Cameroun. Grâce à eux, j’ai découvert un pays frère, une belle famille. Merci également à vous pour cette interview. Que le cinéma africain continue d’évoluer.
Propos recueillis par Sidoine FEUGUI
Relecture : Ivane MESSI