SUBVENTION DE L’ÉTAT DANS LE FOOTBALL : FIL D’ARIANE VERS L’OPÉRATION « ÉPERVIER ? »

Cette nouvelle approche mettra les clubs face à leurs responsabilités financières. Les présidents de clubs, souvent critiqués pour la gestion opaque de leurs finances, devront désormais rendre des comptes sur l’utilisation de l’argent public qui leur sera confié. Cela soulève une question cruciale : comment ces dirigeants vont-ils gérer cette responsabilité accrue ?
En effet, les fonds publics, par nature, sont soumis à un contrôle rigoureux. Le Contrôle Supérieur de l’État, l’Agence Nationale d’Investigation Financière, et d’autres organismes de régulation peuvent intervenir à tout moment pour auditer les comptes des clubs. Cette perspective de surveillance accrue pourrait bien faire émerger des comportements plus transparents et responsables chez les dirigeants.
Cependant, il convient de nuancer cette bonne nouvelle. En transférant directement les fonds de l’État aux clubs, on introduit un risque non négligeable : celui d’une gestion imprudente. L’argent public, qui sera désormais sous le contrôle direct des dirigeants, pourrait rapidement se transformer en une source de problèmes. Les exemples de détournements de fonds sont nombreux dans le milieu sportif, et le Cameroun n’échappe pas à cette réalité.
Auparavant, lorsque les fonds transitaient par la fédération, certains présidents de clubs pouvaient se permettre des abus sans crainte de représailles. L’absence de contrôle strict leur offrait une certaine impunité. Mais avec cette nouvelle mesure, la vigilance des autorités pourrait bien révéler des pratiques douteuses. Les présidents, qui avaient l’habitude de falsifier des justificatifs pour alimenter leurs projets personnels, pourraient bientôt faire face à des conséquences bien plus sévères.
L’opération « Épervier », qui a déjà frappé de nombreux responsables publics au Cameroun, pourrait maintenant toucher le secteur du football professionnel. Les clubs, traditionnellement perçus comme des bastions de l’impunité, pourraient voir leurs dirigeants scrutés de près. Cette évolution pourrait inciter les présidents à adopter une gestion plus rigoureuse, sous peine de se retrouver dans le viseur des autorités de contrôle.
La décision de reverser directement les subventions aux clubs pourrait être un double tranchant. Si elle promet une meilleure transparence et une responsabilisation des acteurs du football, elle expose également ces derniers à un risque accru de contrôle et de sanctions pénales de l’Etat. Les mois et les années à venir seront cruciaux pour observer comment les présidents de clubs s’adapteront à cette nouvelle réalité, et s’ils sauront éviter de devenir les prochains « Éperviable » du football camerounais.
Rédacteur : Joakim IPELA