ELECTION PRESIDENTIELLE: APPELS À CANDIDATURES DE PAUL BIYA, LES IMAMS ET CHEFS TRADITIONNELS NOUS DISTRAIENT-ILS ?

La récente déclaration des Chefs religieux et traditionnels du septentrion camerounais, appelant Paul Biya à se porter candidat à l’élection présidentielle de 2025, soulève plusieurs interrogations quant aux motivations et aux implications de cette prise de position. Il est essentiel de se questionner sur l’authenticité de ce soutien. Les Imams et chefs religieux du septentrion, tout en évoquant l’implication de Paul Biya dans la bonne organisation du Hadj, semblent négliger les véritables défis auxquels le pays est confronté.
Si la gestion du pèlerinage est louable, cela ne saurait suffire à justifier un soutien inconditionnel à un président dont le bilan est controversé. Les enjeux socio-économiques, la corruption endémique et l’insécurité croissante sont des réalités qui méritent d’être abordées avec sérieux, plutôt que de se limiter à des gestes symboliques.
Le choix des Chefs traditionnels et religieux de soutenir Paul Biya peut également être perçu comme une forme de manipulation politique. En période électorale, dans certains pays, il est courant que les figures d’autorité religieuse et traditionnelle soient instrumentalisées pour légitimer des candidatures, souvent au détriment de la voix du peuple. Cela pose la question de l’indépendance de ces leaders dans un contexte où leur influence peut être utilisée pour renforcer un régime déjà en place, au lieu de promouvoir un véritable changement. En appelant à la candidature de Paul Biya, ces leaders semblent se ranger du côté d’une continuité d’un système politique critiqué pour son manque de transparence et d’efficacité. Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a souvent été accusé d’autoritarisme et de répression des voix dissidentes.
Les Chefs traditionnels et Imams qui soutiennent sa candidature ignorent-ils les aspirations d’une jeunesse camerounaise en quête de renouveau et de perspectives d’avenir ? Le soutien des Chefs religieux et traditionnels à Paul Biya pourrait être perçu comme un signe de crise de légitimité. Leur appel à la candidature d’un président dont le mandat est contesté ne fait qu’accentuer les clivages au sein de la société camerounaise. Dans un contexte où la population aspire à plus de démocratie et de justice sociale, il est crucial que ces leaders reconsidèrent leur rôle et leur responsabilité face à l’histoire et aux attentes de leurs concitoyens. La voix du peuple doit primer sur des soutiens qui semblent plus intéressés par des privilèges que par le bien-être collectif.
D’autres part, cette déclaration des Chefs traditionnels du Cameroun, exprimant un soutien indéfectible à la candidature de Paul Biya pour l’élection présidentielle de 2025, soulève des préoccupations quant à la légitimité et aux motivations sous-jacentes de ce soutien. En évoquant des qualités telles que « l’expérience, la sagesse et le dévouement » de Paul Biya, ces leaders semblent faire abstraction des nombreux défis auxquels le pays est confronté.
Les Chefs traditionnels, en tant que figures d’autorité, ont le devoir de représenter les intérêts de leurs communautés. Or, leur soutien à Paul Biya paraît déconnecté des réalités vécues par le peuple camerounais. Sous son règne, le Cameroun a été marqué par des crises socio-économiques, une corruption généralisée et une violence persistante dans certaines régions. En choisissant de soutenir un président dont le bilan comme nous l’avons déjà évoqué plus haut, est controversé, ces leaders semblent ignorer les aspirations d’un peuple en quête de changement et de progrès.
Le soutien des Chefs traditionnels et des religieux soulève également des questions de légitimité. En se rangeant derrière Paul Biya, ils risquent de perdre leur crédibilité et de s’aliéner les populations qui les ont traditionnellement respectées et écoutées. Dans un contexte où la jeunesse camerounaise réclame des réformes et un leadership renouvelé, cette position apparaît comme une trahison des attentes populaires. Les Chefs traditionnels et religieux doivent se demander s’ils souhaitent vraiment être associés à un régime qui a montré des signes d’essoufflement et de stagnation.
Le soutien à Paul Biya peut aussi être perçu comme une forme d’instrumentalisation du pouvoir traditionnel au service d’un pouvoir politique en place. En période électorale, il est courant que les chefs traditionnels et des religieux soient sollicités pour apporter une légitimité à des candidats controversés. Cela soulève des inquiétudes quant à leur indépendance et à leur capacité à représenter véritablement les intérêts de leurs communautés. Ce phénomène de cooptation pourrait affaiblir le rôle des Chefs traditionnels et des religieux en tant que médiateurs entre le gouvernement et le peuple.
Le soutien des Chefs traditionnels et des religieux à Paul Biya pour l’élection présidentielle de 2025 est révélateur d’un décalage entre les élites traditionnelles et les aspirations d’un peuple en quête de renouveau. Au lieu d’être des « instruments » de la continuité d’un système contesté, ces leaders devraient jouer un rôle plus proactif dans l’appel à une véritable démocratie et à un leadership éthique. Il est urgent qu’ils réévaluent leur position et prennent en compte les voix de ceux qu’ils prétendent représenter, afin de ne pas compromettre leur légitimité et leur influence à long terme.
Joakim IPELA