EXCLUSIF – ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE 2025 ; QUAND L’OPPOSITION SE MARCHE DESSUS

À quelques mois de la présidentielle de 2025, l’opposition camerounaise semble être en proie à des querelles internes qui risquent de compromettre ses chances face au président sortant, Paul Biya, s’il est candidat pour briguer un 8e mandat. Loin de se serrer les coudes pour constituer un front uni, les figures de l’opposition semblent de plus en plus divisées, et les fractures au sein des partis politiques se creusent à une vitesse inquiétante. L’unité, qui est souvent l’arme fatale d’un camp en quête de changement, semble être la grande absente dans l’arsenal de l’opposition camerounaise. Tandis que certains leaders, comme Maurice Kamto, candidat déjà largement en vue en 2018, continuent d’affirmer leur place de leader naturel, d’autres partis tentent désespérément de s’imposer, avec des candidats à la présidence aux ambitions bien distinctes.
Les rivalités, loin de se calmer, s’exacerbent. Les accusations de manipulation, de trahison et de mauvaise foi entre les différents acteurs politiques s’intensifient. A titre d’exemple, récemment sur les réseaux sociaux une discussion entre Cabral Libii et quelques cadres du PCRN, faisait du Pr Maurice Kamto président national du MRC principal parti d’opposition au Cameroun, l’adversaire principal au bénéfice du RDPC. Chaque groupe semble vouloir tirer la couverture à lui, plutôt que de se concerter sur des idées communes pour contester véritablement le pouvoir en place. Ce morcellement, parfois impulsé par des ego démesurés, menace l’efficacité de toute campagne qui pourrait se vouloir fédératrice et constructive. Les derniers mois ont vu des éclats au sein même de la coalition menée par le MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun). Des figures pourtant phares du mouvement ont quitté le navire, estimant que les méthodes et stratégies adoptées par Kamto ne sont pas en phase avec leurs attentes. L’éclatement de l’opposition autour de Kamto ne fait qu’ajouter de l’incertitude à la scène politique camerounaise, déjà marquée par un climat de défiance. Le président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) est en effet empêtré dans une crise interne dans son parti depuis près d’un an, alors que Robert Kona, l’un des fondateurs de ce parti politique, tente de l’évincer. Le président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale l’honorable Cabral Libii et son prédécesseur se disputent le leadership du parti. De l’issue de cette brouille arbitrée par le ministre de l’Administration territoriale dépend la participation de Cabral Libii à la présidentielle de 2025.
Le SDF, anciennement dirigé par John Fru Ndi, l’un des partis les plus historiques de l’opposition, n’a pas été exempt de turbulences. L’absence de leader fort après Fru Ndi a créé un vide difficile à combler, alimentant la confusion parmi ses partisans. Le manque d’unité au sein de ces partis empêche de véritablement organiser une opposition crédible capable de rivaliser avec un Paul Biya qui continue de jouir d’une emprise de fer sur les institutions. Une autre dimension du problème réside dans le manque de communication entre les différents partis d’opposition. Chaque formation semble prendre la route seule, multipliant les initiatives parallèles et les déclarations contradictoires. De ce fait, la coordination de l’opposition devient un casse-tête logistique et politique. Les appels à une grande coalition de l’opposition ont été nombreux, mais jusqu’ici, aucun véritable projet d’alliance crédible n’a vu le jour. Ce manque de vision collective est non seulement frustrant pour les électeurs potentiels, mais également décevant pour les jeunes qui aspirent à un changement réel.
Pendant ce temps, le gouvernement continue de naviguer sans pression significative. Grâce à une mainmise constante sur les médias et les ressources, le pouvoir s’assure de garder une large part de soutien populaire, malgré les nombreuses critiques qui fusent de l’opposition. Le message d’unité semble lointain et malvenu pour une opposition qui se bat contre ses propres divisions internes. La gestion chaotique des pré-campagnes et l’absence de propositions alternatives concrètes ne permettent pas de structurer une véritable dynamique de changement.
La situation actuelle de l’opposition camerounaise semble désastreuse. Elle s’attaque d’abord à elle-même, à ses rivalités internes, alors que le pays s’apprête à choisir son futur. L’opposition court le risque de se voir de plus en plus marginalisée si elle persiste dans ses querelles intestines, oubliant que l’unité est l’un des piliers d’une démocratie saine et d’un changement politique tangible.
Joakim IPELA