ERNEST OUANDIÉ : LA MEMOIRE D’UN HÉROS NATIONAL « BAFOUÉ ! »

Le 23 février 2025, sur un plateau télévisé, Abel Elimby Lobe, promoteur du mouvement politique Kwatal, a tenu des propos qui risquent encore de faire couler beaucoup d’encre. Lors d’une intervention télévisée où il n’a pas hésité à partager sa vision politique pour le Cameroun, Elimby Lobe a tancer Ernest Ouandié, un héros de la résistance camerounaise et une figure symbolique du combat pour la libération du pays. Selon lui, Ernest Ouandié n’était rien de plus qu’un « bandit ». Des propos scandaleux qui n’ont pas manqué de faire réagir l’opinion nationale et internationale. Dans ses déclarations, Elimby Lobe, qui se veut pourtant un acteur politique sur la scène nationale, a qualifié Ernest Ouandié de « bandit », argumentant que ce dernier, « sous le prétexte de lutter pour le bien du Cameroun », aurait « versé le sang des Camerounais qui ne lui ont rien fait ». Un raccourci simpliste et dangereux qui cherche à réécrire l’histoire du Cameroun et à minimiser la lutte héroïque d’un homme qui a sacrifié sa vie pour son pays.
Ernest Ouandié, l’un des chefs historiques de la résistance camerounaise, a été arrêté en 1970, jugé par un tribunal militaire, et exécuté en janvier 1971. Son combat, tout comme celui d’autres figures emblématiques de l’indépendance, reste une source d’inspiration et un pilier du panafricanisme. Réduire son engagement à un acte de « banditisme » relève non seulement d’une ignorance crasse de l’histoire, mais également d’un désir de manipulation à des fins politiques.
Les propos de Elimby Lobe vont au-delà d’une simple méprise historique ; ils s’apparentent à une tentative flagrante de ternir l’image d’une figure nationale respectée. Il est inconcevable de voir un homme, qui se revendique d’un quelconque idéal politique, s’en prendre à un héros national, à la mémoire d’un martyr dont la seule faute fut d’avoir voulu libérer son peuple de l’oppression coloniale. Comment un responsable politique peut-il ignorer les sacrifices de ceux qui ont combattu pour la liberté et l’indépendance du Cameroun, et même du continent africain dans son ensemble ?
Le discours d’Abel Elimby Lobe laisse entrevoir une volonté manifeste de réécrire les événements du passé à des fins purement personnelles et politiques. En attaquant de manière gratuite et malveillante la mémoire d’Ernest Ouandié, Elimby nLobe cherche à se positionner comme un acteur politique opposé à toute forme de résistance historique. Cela interroge sur ses véritables intentions. Est-il en quête d’une révision de l’histoire afin de servir une vision politique qui oublie les sacrifices du passé au profit d’une politique du moment présent ? Ce discours révisionniste pourrait-il être un outil pour attirer certains partisans, prêts à avaler cette réécriture de l’histoire pour des raisons partisanes ?
Le plus choquant reste cependant l’absence de réprobation forte de la part des instances politiques gouvernementales camerounaise face à de telles déclarations. Si ces propos sont laissés sans réponse, ils ouvrent la voie à la légitimation de discours révisionnistes qui ne manqueront pas de fragiliser les fondements même de l’unité nationale et de la mémoire collective. Il n’est pas anodin de voir de telles déclarations émises en pleine période de campagnes politiques où les enjeux sont immenses. La mémoire nationale est un bien précieux, elle ne doit en aucun cas être instrumentalisée pour des gains politiques à court terme. Quoi qu’il en soit, les propos de Elimby Lobe, aussi révoltants soient-ils, ne devront pas ternir l’histoire de notre pays, ni occulter la vérité : Ernest Ouandié reste une figure emblématique du Cameroun et une inspiration pour les générations à venir. Son sacrifice pour la liberté et l’unité du Cameroun doit être respecté et honoré, et non manipulé pour des fins mesquines.
L’histoire du Cameroun appartient à tous ses enfants. Il est de notre devoir collectif de la préserver et de transmettre la vérité. Abel Elimby Lobe a, à son tour, choisi de servir une cause en dénigrant une figure historique, mais la vérité, elle, reste inchangée. La mémoire des martyrs ne sera pas bafouée par des discours politiques opportunistes. Ceux qui cherchent à trahir l’histoire se heurteront toujours à la vérité intemporelle des faits.
C’est ainsi que la nation camerounaise continuera à avancer, en honorant ses héros et en refusant les révisions opportunistes du passé.
Joakim IPELA