EXCLUSIF – ELECTION PRESIDENTIELLE 2025: ELECAM, L’ARBITRE DE LA DISCORDE ?

La situation actuelle d’Elections Cameroun (ELECAM) suscite de vives inquiétudes à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025. La non-publication des listes électorales nationales, en dépit d’une obligation légale, jette une ombre sur la transparence du processus électoral. Cette situation a été mise en lumière par le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, qui a récemment vu sa demande de publication des listes rejetée par la Cour d’appel du Centre, déclarée incompétente pour trancher ce litige. Les avocats du MRC n’hésitent pas à accuser le gouvernement de complicité avec ELECAM pour étouffer la transparence électorale. Selon Me Hippolyte Meli, cette non-publication pourrait être interprétée comme un acte préparatoire à une “criminalité électorale”. Pour le MRC, la publication des listes électorales est essentielle pour garantir la confiance des citoyens dans le processus électoral. Les électeurs camerounais, appelés aux urnes en octobre, ont besoin de savoir s’ils peuvent se fier à un système qui semble opérer dans l’ombre.
Le 19 janvier 2024, Abdouraman Hamadou Babba a engagé une procédure contre le Directeur Général d’ELECAM, en saisissant le Tribunal de Grande Instance de Yaoundé. Il visait à contraindre l’organisme à rendre public le fichier électoral. Cependant, après plusieurs renvois, le tribunal s’est déclaré incompétent, renvoyant à une situation où ELECAM a évité de se conformer à ses obligations. La publication, à la place, de listes électorales par antenne communale, au lieu de la liste nationale, a alimenté les soupçons. La confusion règne sur les terminologies et les juridictions compétentes en matière électorale. Les termes “liste” et “fichier” sont sources d’ambiguïtés, et le Code électoral n’apporte pas de réponses claires. Le Conseil Constitutionnel, saisi à plusieurs reprises, a également affirmé son incompétence concernant les recours sur les opérations pré-électorales, renvoyant les plaignants vers le Conseil Electoral, sans apporter de solution.
Le 21 janvier 2025, le Conseil Constitutionnel a confirmé son incompétence, laissant les recours sans réponse satisfaisante. Les critiques à l’encontre d’ELECAM se multiplient, appelant à une transparence nécessaire au bon déroulement des élections. Les analystes et acteurs politiques s’accordent à dire que le respect de la législation électorale est primordial pour instaurer un climat de confiance et éviter une crise politique majeure. Avec des élections cruciales à venir, le silence d’ELECAM sur la publication des listes électorales nationales soulève des questions légitimes sur l’intégrité du processus électoral au Cameroun. Les électeurs méritent une élection transparente et équitable, loin des manigances politiques.
Parce que, l’absence de publication des listes électorales nationales suscite des doutes quant à l’intégrité du processus électoral. Les électeurs peuvent craindre que leur voix ne soit pas prise en compte ou que des irrégularités se produisent. Cette méfiance peut entraîner une désaffection à l’égard des élections, les citoyens se sentant exclus d’un processus qu’ils perçoivent comme opaque et manipulé. Lorsqu’ELECAM ne respecte pas ses obligations légales, les électeurs peuvent ressentir un sentiment d’impuissance face à un système qu’ils considèrent comme injuste. Cette perception peut décourager l’engagement civique, car les citoyens peuvent estimer que leur participation n’aura pas d’impact réel sur les résultats.
Les jeunes électeurs, souvent moins engagés politiquement, peuvent être particulièrement sensibles à cette opacité. Si les nouvelles générations ne voient pas de transparence et de clarté dans le processus électoral, elles risquent de s’abstenir de voter, ce qui pourrait conduire à une faible représentation de leurs intérêts dans les instances politiques. La situation actuelle peut cependant avoir un double effet : d’une part, elle peut démobiliser, mais d’autre part, elle peut également galvaniser les partis d’opposition. En dénonçant l’opacité et en appelant à une plus grande transparence, ces partis peuvent inciter leurs partisans à s’engager activement, créant ainsi une dynamique de mobilisation qui pourrait augmenter la participation électorale.
Une faible participation électorale due à une désillusion généralisée peut également aggraver les tensions politiques. Si les résultats des élections sont perçus comme illégitimes, cela pourrait conduire à des contestations et à des manifestations, affectant la stabilité politique du pays. L’opacité d’ELECAM a un impact significatif sur la participation électorale au Cameroun. En affectant la confiance des électeurs et en suscitant un sentiment d’impuissance, cette situation risque de nuire à l’engagement civique et à la légitimité des élections à venir. Pour remédier à cela, il est crucial de restaurer la transparence et la confiance dans le processus électoral, afin d’encourager une participation active et représentative de tous les citoyens.
Joakim IPELA