PROJET DE LOI SUR LA FISCALITÉ LOCALE : LES CAMEROUNAIS S’EXPRIMENT
Un nouveau projet de loi introduit par la Présidence de la République à l’Assemblée Nationale du Cameroun propose l’instauration d’une taxe locale. Cette taxe vise à financer des services essentiels tels que l’assainissement, l’éclairage public, l’adduction en eau potable et l’électricité. Son barème progressif, repose sur une fourchette allant de 6 000 à 30 000 FCFA. Cette mesure impactera directement les salaires des travailleurs, tant du secteur public que du secteur privé. Face à cette annonce, de nombreux Camerounais partagent leurs ressentis.
C’est avec un pincement au cœur que Lionel, agent communal, accueille l’annonce de cette nouvelle taxe. Il réagit : « Ça fait mal, on a déjà de petits salaires. Retirer quelque chose dessus par an, c’est vraiment cruel. L’État doit revoir cette loi ». Le désarroi est également visible chez Defer Onana, fonctionnaire. Pour lui, « l’État n’est qu’une machine qui étouffe son peuple au lieu de le protéger. Il nous opprime, et c’est déplorable que nous n’ayons rien à dire dans ces conditions qui ne nous arrangent pas. »
La série de lamentations se poursuit. Cette fois-ci, une poignée de Camerounais met en avant la conjoncture économique actuelle, où le pouvoir d’achat des citoyens est fortement impacté par l’inflation des prix sur le marché. Marthe confie : « Avec 100 000 FCFA de salaire, je peine clairement à joindre les deux bouts. J’apprends encore qu’on va me soustraire quelque chose pour payer l’eau et l’électricité publiques. Je suis abattue, parce que tout est cher au marché actuellement. Je ne sais pas comment je vais m’en sortir avec cette loi qui apporte plus de peine que de joie ». Dans la même veine, Aurélien, visiblement étonné d’apprendre la nouvelle, donne son avis : « C’est terrible. Le SMIG d’un pays n’atteint même pas 50 000, et on ajoute encore des taxes farfelues qu’il faut payer. C’est nettement une arnaque organisée par ceux qui nous gouvernent. En plus, même le privé est impliqué, c’est une grosse blague ».
Cependant, certains voient cette taxe comme un progrès. Claude s’exprime : « Nous devons payer cette taxe, l’État encaisse déjà beaucoup pour les citoyens. Tout a été détaillé. Par exemple, l’électricité publique dans les carrefours, ce sont les citoyens qui en bénéficient. Pourquoi ne pas payer ? Cela aurait dû être fait depuis longtemps au Cameroun pour soutenir l’État dans ses charges. Je le vois comme un progrès dans la gouvernance de notre pays ».
À sa suite, Boutchouang Nghomsi, économiste, évoque l’impact économique de cette nouvelle taxe : « Ces mesures vont stimuler les investissements au niveau des collectivités territoriales décentralisées, soutenir la promotion de l’entrepreneuriat et donc créer des emplois, favoriser la création de richesses tout en améliorant les conditions de vie des populations. Toutefois, la réussite de cette réforme orientée vers une meilleure autonomie financière des collectivités territoriales décentralisées dépendra de la transparence dans la gestion des ressources, d’éviter la double imposition pour ne pas surcharger le contribuable affecté par l’inflation, et d’une communication de proximité efficace pour renforcer la confiance des populations ».
Les discussions se poursuivent à l’Assemblée Nationale où les parlementaires sont réunis en session ordinaires depuis le 5 novembre.
D’après ce Projet de loi, la grille de paiement prévoit :
– 6 000 FCFA/an pour les salaires entre 75 000 et 100 000 FCFA
– 9 000 FCFA/an pour les salaires entre 100 001 et 125 000 FCFA
– 12 000 FCFA/an pour les salaires entre 125 001 et 150 000 FCFA
– 15 000 FCFA/an pour les salaires entre 150 001 et 200 000 FCFA
– 18 000 FCFA/an pour les salaires entre 200 001 et 300 000 FCFA
– 24 000 FCFA/an pour les salaires entre 250 001 et 300 000 FCFA
– 27 000 FCFA/an pour les salaires entre 300 001 et 500 000 FCFA
– 30 000 FCFA/an pour les salaires supérieurs à 500 000 FCFA
Ce qui va changer en termes d’impôts à payer par les contribuables exerçant une activité commerciale se présente comme suit :
– Pour ceux ayant un chiffre d’affaires inférieur à 500 000 FCFA, ils verseront la somme de 20 000 FCFA par an.
– Pour ceux dont le chiffre d’affaires est égal ou supérieur à 2,5 millions et inférieur à 5 millions de FCFA, ils verseront une somme de 150 000 FCFA par an.
– Enfin, pour ceux ayant un chiffre d’affaires égal ou supérieur à 30 millions et inférieur à 50 millions de FCFA, il faudra débourser une somme de 2 millions de FCFA.
Rédactrice : Leaticia MEMOLI
Relecture : Ivane MESSI