EXCLUSIF – RÉLIGION : NOMINATION D’UN NOUVEAU PAPE ; L’AFRIQUE EN POSITION FAVORABLE

Alors que le monde catholique se prépare pour le conclave qui élira le prochain chef de l’Église catholique, l’attention se concentre sur l’Afrique, un continent riche en traditions religieuses et en figures charismatiques. Trois cardinaux se distinguent dans les discussions autour des papabili, ces cardinaux considérés comme des successeurs potentiels du pape François : le cardinal Fridolin Ambongo, le cardinal Dieudonné Nzapalainga et le cardinal Robert Sarah. Chacun d’eux apporte une perspective unique et une riche expérience qui pourraient influencer l’avenir de l’Église.
Né en 1960 à Kinshasa, le cardinal Ambongo a été ordonné prêtre en 1988. Il a rapidement gravi les échelons de l’Église, devenant évêque auxiliaire de Kinshasa en 2007, puis archevêque en 2018. Sa carrière est marquée par un engagement profond envers la justice sociale et les droits de l’homme. Dans un pays où la corruption et l’injustice sont omniprésentes, Ambongo a su s’imposer comme un leader moral. Il a participé à de nombreuses initiatives de paix et de dialogue, notamment lors des tensions politiques qui ont secoué la RDC ces dernières années. Son rôle dans les mouvements de contestation pacifique durant les élections de 2018 a été déterminant. Ambongo a encouragé les Congolais à se rassembler contre la violence et l’injustice, plaidant pour des élections libres et transparentes. Son discours, toujours empreint d’espoir et de compassion, résonne non seulement en RDC, mais aussi au-delà des frontières. En tant que pape, il pourrait amplifier ce message de paix et de solidarité, notamment dans un monde de plus en plus polarisé.
Né en 1967, le cardinal Nzapalainga a été ordonné prêtre en 1993 et est devenu archevêque de Bangui en 2013. Son parcours est marqué par un engagement fort envers le dialogue interreligieux et la réconciliation nationale. En Centrafrique, où des conflits sanglants ont opposé différentes communautés, il a joué un rôle crucial dans la promotion de la paix. En 2015, il a co-organisé un forum de réconciliation qui a rassemblé des leaders religieux de toutes confessions, un geste symbolique fort qui a contribué à apaiser les tensions. Nzapalainga est souvent vu comme un modèle de dialogue. Sa capacité à établir des ponts entre les communautés chrétiennes et musulmanes a été essentielle pour restaurer la paix dans son pays. Il a régulièrement plaidé pour une approche inclusive, soulignant que la paix ne peut être atteinte que par l’écoute et le respect mutuel. S’il est élu pape, il pourrait mettre l’accent sur la nécessité d’un dialogue interreligieux, un enjeu vital dans le monde actuel, marqué par des tensions religieuses croissantes.
Le cardinal Robert Sarah, né en 1945 en Guinée, a été ordonné prêtre en 1969 et a occupé divers postes au sein de la Curie romaine, y compris celui de préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements de 2014 à 2021. Connu pour ses positions conservatrices, Sarah plaide pour un retour aux traditions et une liturgie plus sacrée. Son livre, « La Force du silence », a suscité un grand intérêt et a souvent été cité dans les débats sur la spiritualité contemporaine. Sarah est perçu comme un leader spirituel qui cherche à réaffirmer les valeurs fondamentales de l’Église. Son approche pourrait séduire ceux qui estiment que l’Église doit se recentrer sur ses racines spirituelles et morales. En tant que pape, il pourrait encourager un renouveau spirituel, en insistant sur l’importance de la prière, de la liturgie et des sacrements dans la vie des fidèles.
La candidature de ces trois cardinaux met en lumière l’émergence de l’Afrique comme un acteur central au sein de l’Église catholique. Avec une population catholique en plein essor, le continent est appelé à jouer un rôle de plus en plus important dans les décisions de l’Église. Selon des études récentes, l’Afrique abrite environ 20% des catholiques du monde, un chiffre qui ne cesse d’augmenter. L’Afrique est également un continent en mutation, où les défis sociaux, économiques et politiques sont nombreux. Les leaders africains, comme Ambongo, Nzapalainga et Sarah, sont souvent à l’avant-garde des luttes pour la justice, la paix et la réconciliation. Leur ascension potentielle au sein de la hiérarchie de l’Église pourrait refléter une volonté de l’Église de s’engager plus profondément avec les réalités africaines et de répondre aux attentes des fidèles sur le continent.
Le conclave qui élira le prochain pape sera également un moment crucial pour la représentation diversifiée au sein de l’Église. Les discussions autour des papabili soulignent l’importance d’une voix africaine dans les débats mondiaux, en particulier sur des questions telles que la pauvreté, les droits de l’homme et les injustices sociales. Les trois cardinaux représentent cette diversité et cette richesse d’expérience qui pourraient bénéficier à l’Église dans son ensemble.
En attendant le conclave, les regards se tournent vers ces leaders spirituels, chacun apportant une vision unique et une riche expérience. Le choix du prochain pape marquera un tournant dans l’histoire de l’Église catholique, et il est clair que l’Afrique a un rôle essentiel à jouer dans cet avenir. Que ce soit à travers l’engagement pour la paix, le dialogue interreligieux ou la réaffirmation des traditions spirituelles, le cardinal Ambongo, le cardinal Nzapalainga et le cardinal Sarah sont des figures qui pourraient transformer la manière dont l’Église aborde les défis contemporains. L’avenir de l’Église catholique pourrait bien être façonné par des voix africaines, apportant une nouvelle perspective à la lumière de l’héritage riche et diversifié du continent.
Joakim IPELA