LA DÉCADENCE DU LIVRE AU CAMEROUN : UN APPEL À LA RÉFLEXION

Dans un contexte où la littérature devrait prospérer, le Cameroun est confronté à une crise alarmante du livre. Entre un système éducatif défaillant, la domination des médias sociaux et un marché éditorial fragilisé, la culture de la lecture s'effrite. Cet article explore les causes profondes de cette décadence et appelle à une prise de conscience collective pour revitaliser la littérature camerounaise avant qu'il ne soit trop tard.
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Dans un pays riche de culture et d’histoire comme le Cameroun, où la diversité linguistique et ethnique devrait être un terreau fertile pour la littérature, le livre semble pourtant traverser une période de déclin alarmant. Les signes de cette décadence sont multiples et soulèvent des questions cruciales sur l’avenir de la lecture et de l’écriture dans le pays. L’un des principaux facteurs de cette décadence est la crise de l’éducation. Les écoles sont souvent mal équipées, avec un manque criant de bibliothèques et de ressources littéraires. Les élèves, déjà confrontés à un système éducatif déficient, sont peu encouragés à lire. Les manuels scolaires, souvent obsolètes, ne suffisent pas à susciter l’intérêt pour la littérature. Cette situation conduit à une génération de jeunes peu familiers avec les livres, préférant les distractions numériques.

L’essor des médias sociaux et des plateformes numériques a également un impact désastreux sur la lecture. Bien que ces outils aient le potentiel d’encourager l’accès à l’information, ils participent souvent à la culture de l’immédiateté. Les jeunes passent des heures sur leurs téléphones, consommant du contenu court et superficiel, laissant peu de place à la lecture de livres. De plus, la littérature camerounaise peine à trouver sa place dans le paysage numérique, souvent éclipsée par des œuvres étrangères. Le marché du livre au Cameroun est également en crise. Les maisons d’édition, souvent confrontées à des problèmes de financement, peinent à publier des œuvres locales. Les auteurs, découragés par l’absence de soutien, choisissent parfois de se tourner vers des genres plus commerciaux, délaissant la littérature de qualité. Par conséquent, le paysage littéraire camerounais devient homogène, manquant de diversité et de voix authentiques.

La décadence du livre au Cameroun ne se limite pas à des aspects économiques ou éducatifs. Elle reflète également une perte de valeurs culturelles. Le livre, en tant que vecteur de transmission des traditions, des histoires et des connaissances, est en train de disparaître. Les jeunes, coupés de leur patrimoine littéraire, perdent l’opportunité de se connecter avec leur identité culturelle. Il est urgent de prendre conscience de cette situation alarmante. Les acteurs de la société civile, les institutions éducatives et les gouvernements doivent travailler ensemble pour revitaliser la culture du livre. Cela passe par une meilleure intégration de la littérature dans les programmes scolaires, la promotion des auteurs camerounais, et la création de bibliothèques accessibles.

La décadence du livre au Cameroun est un phénomène qui mérite une attention immédiate. Il ne s’agit pas seulement de préserver un patrimoine littéraire, mais aussi de garantir un avenir où la lecture et l’écriture continuent de jouer un rôle central dans la construction de la société. En redynamisant la culture du livre, nous pouvons offrir aux générations futures les outils nécessaires pour penser, créer et rêver. La balle est dans notre camp.

Joakim IPELA

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