VIOLENCES POLICIÈRES, ABUS DE GENDARMES : UN ÉCUEIL POUR LE GOUVERNEMENT CAMEROUNAIS

Ce jour-là, trois gendarmes sont intervenus pour arrêter une cliente de Richard Tamfu dans le quartier de Bonaberi. Me Tamfu, présent pour défendre sa cliente, a contesté l’autorité des gendarmes, qui n’avaient pas de mandat d’arrêt : « Ils m’ont alors fait monter à l’arrière de leur camionnette et ont commencé à me battre », a-t-il déclaré à Human Rights Watch. Les gendarmes l’ont roué de coups, lui infligeant des blessures graves. Une vidéo de l’incident, largement diffusée sur les réseaux sociaux, montrait deux gendarmes piétinant Me Tamfu, tandis qu’il est allongé à l’arrière de la camionnette. Malgré les cris des passants pour qu’ils s’arrêtent, l’agression s’est poursuivie.
Après avoir été emmené dans un poste de gendarmerie, Me Tamfu a été relâché, mais il a dû être hospitalisé en raison de ses blessures. Le 29 novembre, il a déposé une plainte contre le chef de la gendarmerie de la région du Littoral pour « complicité de torture ». Bien que le Secrétaire d’État à la Défense ait annoncé l’ouverture d’une enquête, les précédents laissent les défenseurs des droits humains sceptiques quant à l’issue de celle-ci. Pour le Redhac, les autorités doivent mettre fin à ces agressions et garantir une enquête approfondie et impartiale sur l’attaque contre Me Richard Tamfu. Les responsables doivent être tenus de rendre des comptes. Les bavures policières et de la gendarmerie à l’encontre des avocats sont fréquentes au Cameroun.
En décembre 2023, Atoh Walter M. Tchemi a également été agressé par la police à Kumba. En mai 2021, Amungwa Tanyi Nicodemus a été arrêté pour des accusations d’incitation au terrorisme, et en novembre 2020, des avocats ont été dispersés par des gaz lacrymogènes lors d’une manifestation à Douala. Le Réseau des défenseurs des droits humains d’Afrique Centrale (Redhac) a annoncé le 30 octobre 2024 qu’il allait solliciter des enquêtes internationales sur la torture au Cameroun. Cette démarche faisait suite à la diffusion d’une vidéo par l’artiste musicien Longuè Longuè, qui avait révélé des abus subis en 2019. Maximilienne Ngo Mbe, directrice exécutive du Redhac, a critiqué le manque de volonté des autorités camerounaises de lutter efficacement contre la torture. Elle souligne que les enquêtes ouvertes ne mènent souvent à aucun résultat tangible et que les tortionnaires restent impunis.
À ce jour, il n’existe pas de statistiques sur les violences policières et gendarmiques au Cameroun. Toutefois, les organisations de défense des droits humains telles que Amnesty International, Human Rights Watch, et World Report, à travers leurs rapports (2023) contiennent des informations détaillées sur les violences policières et les abus des gendarmes au Cameroun, ainsi que des recommandations pour améliorer la situation des droits humains dans le pays. Dans un récent rapport, le Comité des Nations unies contre la torture avait recommandé à l’Etat du Cameroun de suspendre de leurs fonctions les personnes impliquées dans des cas de torture ou de mauvais traitement, pendant la durée de l’enquête. La situation des droits humains au Cameroun est alarmante. Les attaques contre les avocats, les défenseurs des droits humains, les personnalités publiques et politiques doivent cesser, car elle contribue à ternir l’image du Cameroun sur la scène internationale. Il donc est impératif que les autorités prennent des mesures concrètes pour protéger les droits des citoyens et garantir que les responsables de violences policières soient jugés et condamnés.
Rédacteur : Joakim IPELA