OUSMANE DIAGANA, LE GRIOT QUI SÉDUIT LE PUBLIC PAR SON AUTHENTICITÉ
Ousmane Diagana est un réalisateur mauritanien qui a su se faire une place dans le paysage du cinéma documentaire africain. Ses films abordent des sujets sensibles et d’actualité, comme l’esclavage, la dictature, la mémoire ou l’immigration. Il se distingue par son style cinématographique sobre et efficace, qui privilégie les plans-séquences et les témoignages directs.
Né le 6 novembre 1983 à Nouakchott, en Mauritanie, il est diplômé d’un master 2 professionnels en réalisation cinéma à l’ISIS (Institut Supérieur de l’Image et du Son Ouagadougou), au Burkina Faso.
Il a réalisé plusieurs courts métrages documentaires et fictionnels dans le cadre de ses études, dont le dernier, « Nourah », a été sélectionné dans plusieurs festivals en Afrique, comme l’African Movie Academy Awards (AMAA) au Nigéria, le FESTICAB au Burundi, ou le FESTILAG à Abidjan.
Son premier film documentaire professionnel, « La blessure de l’esclavage », sorti en 2009, raconte son histoire personnelle et celle de sa famille, confrontée au tabou de l’esclavage en Mauritanie. Le film est un récit intime et poignant, qui montre les séquelles de cette pratique ancestrale sur les relations sociales et familiales. Il interroge également le rapport à l’identité et à la religion dans un pays multiculturel. Le film a été sélectionné au Festival international du film d’Amiens en 2009, où il a reçu le Prix du public du meilleur documentaire.
Son deuxième film documentaire, « Mémoire noire », sorti en 2013, revient sur les événements tragiques de 1990, sous le régime du dictateur Ould Taya, qui ont vu des centaines de militaires noirs être torturés et exécutés dans des camps de la mort. Le film est un témoignage historique et politique, qui donne la parole aux survivants et aux familles des victimes. Il dénonce la violence et l’impunité du pouvoir, ainsi que le silence et l’oubli de la société. Le film a été sélectionné au Festival international du film francophone de Namur en 2013, où il a reçu le Prix spécial du jury pour la compétition documentaire.
Son troisième film documentaire, « Ganda, le dernier griot », sorti en 2018, suit le parcours de Ganda, un griot mauritanien qui a su rester fidèle à la tradition orale de ses ancêtres. Le film est un portrait culturel et musical, qui montre le rôle et l’importance des griots dans la transmission de la mémoire et de l’identité d’un peuple. Il rend hommage à cet art ancestral, menacé par la modernité et l’uniformisation. Le film a été sélectionné au Festival international du film panafricain de Cannes en 2018
Ousmane Diagana pose un regard original et pertinent sur la Mauritanie contemporaine. Ses films sont des œuvres fortes et sensibles, qui touchent le public par leur authenticité et leur humanité. Il fait partie des nouveaux visages du cinéma documentaire africain, qui méritent d’être découverts et soutenus.
Christelle Noah