SAADY HANAN : « JE CHANTAIS POUR LE SAHEL »

Dans cette interview l’artiste nous parle de son désir de s’ouvrir à d’autres horizons. Elle ne souhaite plus être cantonnée à l’étiquette « d’artiste du Sahel ». Elle profite pour présenter quelques difficultés auxquelles font face les artistes du septentrion.
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Saady Hanan, chanteuse et auteure-compositrice originaire de l’Adamaoua est la nouvelle reine des musiques sahéliennes du Cameroun. Dans cette interview l’artiste nous parle de son désir de s’ouvrir à d’autres horizons. Elle ne souhaite plus être cantonnée à l’étiquette « d’artiste du Sahel ». Elle profite pour présenter quelques difficultés auxquelles font face les artistes du septentrion.

ESBI MEDIA : Vous chantez principalement pour le Sahel. Comment est-ce que la musique est organisée du côté du Sahel ?

Je chantais pour le Sahel. Actuellement je chante pour tout le Cameroun. Et du côté du Grand Nord le chant se porte très bien. Vu qu’il y a plusieurs qui sont dans le métier et qui l’exercent bien.

ESBI MEDIA : Vous dites que vous ne chantez plus uniquement pour le Sahel, vous chantez maintenant pour tout le Cameroun. La différence c’est laquelle selon vous ?

La différence c’est que pendant 10 ans j’étais typiquement axée dans le sahel. Actuellement je vise l’international. Maintenant je fais danser tout le Cameroun. Par exemple, dans ma chanson ‘‘Situation compliquée’’ vous allez entendre plusieurs rythmes. Presque toutes les aires culturelles se rassemblent dans cette chanson  ce qui fait que ça touche tout le Cameroun. Donc tout le monde se sent concerné. Aujourd’hui je ne fais pas danser que le Sahel. Je fais danser  tout le Cameroun et bientôt toute l’Afrique.

ESBI MEDIA : Quelles sont les difficultés qu’il y a dans la musique au Sahel ?

Dans la musique sahélienne il y a plusieurs difficultés. Numéro un, on manque de producteurs. Numéro deux, nous manquons aussi de manageurs. Mais il a plus un manque de producteurs. Vous savez, on s’autoproduit. Pour s’autoproduire nous sommes obligés de se mettre dans le ‘‘griotisme’’ (ndlr, action de chanter les louanges d’une personnalité pour obtenir rémunération). Comme certains le disent, « dans le Sahel nous faisons plus du ‘‘griotisme’’ par rapport à la vraie musique ». Nous sommes obligé de répondre aux invitations dans des mariages, baptêmes et autres cérémonies… ce qui fait que plusieurs ce sont limités au ‘‘farotage’’. Voilà donc ce qui tue la musique chez nous. Certains chanteurs qui sont plus sages et qui ont un objectif, essaient de se propulser avec cet argent du ‘‘farotage’’. Mais certains se limitent à cela. Ils se contentent juste du ‘‘farotage’’ et ne cherchent pas à aller plus loin.

ESBI MEDIA : En octobre 2023 vous avez participé au « Orange Music Legends ». Parlez-nous de votre expérience. Comment s’est faite la collaboration avec votre binôme ?

Pour moi Orange Music Legends était une très grande expérience. Orange Music Legends m’a beaucoup appris et m’a beaucoup apporté.  C’est grâce à cette très belle aventure que Saady Hanan a décidé de se propulser. Arriver dans cette émission j’ai compris beaucoup de chose. J’ai compris que de notre côté il n’y avait pas vraiment du travail. Le fait de rencontrer ces légendes et aussi ces artistes de la nouvelle génération, pour moi c’était la plus belle des expériences.

Avec mon binôme Petit Pays ça c’est très bien passé. C’est quelqu’un de très strict dans le travail. Il sait ce qu’il veut. Il sait ce qu’il attend de Saady. La collaboration s’est très bien passée. Ça m’a beaucoup apporté. Le fait d’être avec la légende Petit Pays c’est la meilleure expérience.

ESBI MEDIA : Avez-vous un projet musical en vue ?

Bien sûr que oui. Mon album à venir contient huit titres. Nous avons déjà enregistré trois titres. Le travail en studio se poursuit. Pour l’instant la team n’a pas encore décidé du titre de l’album. Nous sommes en pleine préparation.

ESBI MEDIA : Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes du Sahel qui souhaitent se lancer dans la musique ?

La seule chose que je peux dire c’est d’avoir son objectif. Ils doivent aussi comprendre que la musique c’est un métier comme tout autre métier. Si tu valorises ce que tu fais, les autres te valoriseront. Mais si tu ne le fais pas, personne ne le fera à ta place. Donc si Saady s’est fait démarquer aujourd’hui, c’est parce que j’ai respecté ce que j’étais en train de faire.

Autre conseil, ne pas mélanger la religion et la culture. C’est ça qui tue plus le sahel, le fait de mélanger la culture et la religion. C’est deux mondes bien différents. Je pratique ma religion et j’exerce mon travail.

Je demande à mes sœurs de se lancer. Nous sommes très peu de femmes qui faisons la musique sahélienne. S’il y a des femmes sahéliennes qui me lisent ça vaut vraiment la peine de se lancer dans la musique.

Propos recueillis par Sidoine FEUGUI

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