JEAN-PIERRE DIKONGUE PIPA, LE CINEASTE QUI A DIT NON A L’ECHEC

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Pipa
𝐈è𝐫𝐞 𝐏𝐀𝐑𝐓𝐈𝐄.
« Je suis arrivé au cinéma par un coup de tête, à tout hasard. Je me souviens de m’être posé la question de savoir: pourquoi pas le cinéma? Et bien, c’est parce que le cinéma était ma raison d’exercer ».
Né en 1940, Jean-Pierre DIKONGUE PIPA (qui refuse désormais d’utiliser ses prénoms), est un cinéaste camerounais: réalisateur et scénariste depuis 1965.
Il est le 1er camerounais à mettre le cinéma de son pays au toit du monde et à être reconnu par ses paires, malgré les médisances de départ.
C’est à l’école Saint Jean Bosco que Dikongue Pipa va faire ses premières années scolaires. Très intelligent, il obtiendra la 1ere place au concours d’entrée en 6eme au collège Libermann à Douala. Malheureusement, son père ne le laissera pas continuer ses études et l’emmènera dans l’arrière pays. Ennuyé, il passera ses journées à étudier le dictionnaire Larousse et finira par le retenir en intégralité.
Quelques années plus tard, Dikongue Pipa se retrouve en France où il fera d’abord des études en art plastique. Il se vantera d’ailleurs auprès de notre rédaction: « je suis le 1er camerounais dans le monde à m’être intéressé à l’art plastique ».
A la suite de cela, Dikongue Pipa ira s’inscrire en 1ere année au conservatoire indépendant du cinéma français, où il fera des cours par correspondance, car vivant à Cannes. Il brave avec brio sa 1ere année et entame la 2nde année en présentiel.
Il nous confiera: « On me sortait de la salle de classe tous les jours à cause de ma curiosité. Par cours nous avions droit à 03 questions, je posais les 03 et qd je voulais poser la 4eme, on me mettait dehors et le directeur de l’époque, M. Kilissi venait supplier pour qu’on me laisse rentrer ». Nous sommes là en 1964.
À sa sortie du conservatoire, Dikongue Pipa se consacre d’abord au théâtre, il essaie de jumeler le cinéma et le théâtre dans ses réalisations: « Joseph Doumba m’a envoyé apprendre le cinéma au Sénégal car je voulais transposer le « gros plan » dont j’entendais parler au cinéma, au théâtre ». Dans la foulée, il a écrit « le crépuscule des vautours », une pièce théâtrale qui revenait sur la mort de Patrice Lumumba. Elle lui vaudra le prix de la fondation Ford.
À son retour à Paris, après l’épisode du Sénégal, Dikongue Pipa veut se lancer dans le cinéma. Il écume alors toutes les maisons de productions avec ses scénarii, toutes les portes lui seront fermées: « les blancs ne m’acceptaient pas comme réalisateur, ils me disaient parfois « crois-tu que tes œuvres seront regardées parce que tu es réalisateur? tu n’es qu’un petit nègre, tu n’es personne ». Après ça j’ai fait une tentative de suicide. J’ai voulu me jeter du 3eme étage de l’immeuble où je vivais. C’est François Mitterrand qui, à l’époque mon voisin, était venu à mon aide. Il n’était pas encore président. Le lendemain je suis allé voir M. Jean Debrix, qui était le directeur du bureau du cinéma au ministère de le coopération à Paris. Il m’a donné 04 boîtes de pellicules de 16mm, et m’a dit, va faire un film je verrai si tu en es capable ».
Lorsque Jean Debrix reçoit les 1eres images, il demande à Dikongue Pipa de lui écrire un nouveau scénario. C’est comme ça que naîtra le 1er long métrage camerounais: « Muna Moto » (l’enfant de quelqu’un).
Il nous confiera que le titre de départ c’était « le banc de sable ». Pour un coup d’essai, c’était un coup de maître. « Mouna Moto » a été enseigné dans les toutes les grandes écoles de cinéma dans le monde; comme étant une référence. Ceci, jusqu’à Moscou.

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