JEAN MICHÉ KANKAN, UNE LÉGENDE VITE OUBLIÉE.
JEAN MICHÉ KANKAN, UNE LÉGENDE VITE OUBLIÉE.
C’est le premier artiste camerounais à présenter le sketch comme un tableau d’exposition des méfaits de la société, le plus célèbre à travers le monde, le plus minutieux, au talent fortement prétentieux. On pouvait rire de ses sketchs, on pouvait en pleurer, on pouvait rire à en pleurer. Jean Miché Kankan est une légende vite oubliée.
Dieudonné Afana Ebogo était enseignant. Un enseignant qui posera la craie, pour embrasser le théâtre, sa passion. À lui seul, il incarnait 04 profils professionnels: il était un acteur flamboyant, un humoriste étonnant, un metteur en scène méticuleux et un directeur de casting impressionnant. Toutes ces casquettes, il les arborait sans qu’elles ne possèdent un nom, il travaillait de façon naturelle et le résultat était exceptionnel.
Le professeur Albert Mbida, aujourd’hui sénateur, est l’homme grâce à qui, il commencera sa carrière dès son départ d’Akonolinga pour la ville de Yaoundé. Nous sommes en 1976, Jean Miché n’a alors que 20 ans. Albert Mbida, journaliste, le reçoit dans son émission intitulée radio trottoir dans laquelle il fait une chronique aux côtés de Massa Batré, mort en 2007. Ce sera l’explosion d’une carrière jusqu’ici latente. Albert Mbida confiera: « quand il était en studio et que je devais présenter l’émission avec lui, j’avais envie de rire ».
Jean Miché Kankan était l’homme qui imitait le prolétaire bamiléké à la perfection. Son accoutrement, son langage, ses mimiques, tous les détails étaient savamment pensés, tout était merveilleusement joué, à tel point que le peuple imité se sentait amusé.
« Un jour nous devions aller jouer à Bafoussam, il nous a été rapporté que si nous venions prester, les populations casseraient tout, parce que Dieudonné se moquait des fils de l’Ouest. J’ai pris peur et j’ai refusé de voyager. Il m’a dit: allons, tout va bien se passer. Grande fut ma surprise de constater que la salle était comble et à chaque interprétation c’étaient des rires fous« . Albert Mbida.
Jean Miché Kankan mettait tout le monde d’accord. Ses prestations étaient dégoulinantes de talent, son accent bamiléké adopté était parfait, plusieurs camerounais étaient certains de son appartenance à cette tribu originaire de la région de l’Ouest du pays, pourtant non, c’était un fils du centre.
Jean Miché Kankan a inspiré plus d’un: Fingon Tralala, Major Asse, Gohou Michel, Moustik karismatik, Black Oya, Valéry Ndongo et bien d’autres.
L’humour de Jean Miché Kankan était intelligent, les textes étaient écrits et corrigés par lui, les thèmes abordés étaient pertinents et restent d’actualité en 2021. Il était subtile.
Avant de mourir, il se serait interrogé à voix haute auprès de Didier Onana Awana (Kéguégué International): « je ne suis pas riche, je les ai laissé avec tout leur luxe, que me veulent-ils? », c’était deux mois avant sa mort, à son retour d’une tournée effectuée en Afrique de l’Ouest.
Jean Miché Kankan meurt le 13 février 1997, une icône s’en va, une légende vite oubliée même si, 24 ans plus tard il est toujours l’humoriste le plus piraté au Cameroun.
Almason