SADRACK : BALADE EMOTIONNELLE AU COEUR DE LA MALADIE D’ALZHEIMER
Standing ovation au sortir de la projection Première du film SADRACK de Narcisse Wandji le 19 septembre à l’Institut Français du Cameroun de Yaoundé. Le scénariste et réalisateur plonge le cinéphile dans une balade émotionnelle autour d’une pathologie sénile peu connue, la maladie de l’Alzheimer.
Ce long métrage dramatique est captivant de bout en bout de la première à la dernière minute. Le scénariste et réalisateur, Narcisse Wandji, nous plonge dans une balade émotionnelle entre tristesse, compassion et joie. Un voyage visuel devant le grand écran qui mérite de gagner des prix. Les acteurs principaux Gustave SORGHO et Hortavie Mpondo ont tout donné dans cette production du Studio d’Ebene. Ils n’ont pas seulement joué des rôles, ils ont véritablement vécu l’histoire.
L’histoire d’un octogénaire incompris de son fils en raison de ses incessants comportements troubles. L’enfant accuse son géniteur de faire des « caprices d’enfants » et pourtant son père subit plutôt les caprices d’une maladie, qui, au fil du temps lui arrache sa mémoire. L’appuie de la femme de ménage, Hortavie, elle aussi en pleine bataille contre les caprices d’une maladie rénale, va permettre de mettre un nom sur les supposés « caprices » de Gustave SORGHO: la maladie d’Alzheimer. Tout au long des quatre-vingts dix minutes, l’intrigue nous dévoile progressivement les manifestations de cette pathologie qui touche principalement les personnes âgées au soir de leur vie. D’ailleurs, le film est tirée d’une histoire vraie, nous a révélé le réalisateur natif de Bazou: « Ma grand-mère a vécu ça. Elle était constamment en conflit avec ma tante qui ne comprenait pas ses agissements dues aux pertes de mémoires »; a avoué Narcisse W. dans la séance d’échanges avec le public à la fin de la projection. Il poursuit : « Certains d’entre vous ont vu une grand-mère et ont dit qu’elle est folle, et pourtant elle a l’Alzheimer ». Une sorte d’invitation à faire plus attention aux personnes âgées et prendre conscience que cette maladie existe.
Outre cette affection de la mémoire, SADRACK surfe sur plusieurs autres thèmes, notamment l’injustice sociale et la transmission des savoirs culturels. L’auteur est très attaché à la promotion de Bazou, sa terre natale dans la région de l’Ouest Cameroun. A l’entame du film, on peut voir une classe d’enseignement de la langue locale, le Medjoumba. D’ailleurs, l’enseignant, fils du vieillard, incarné par Guy TAMI Yoba, va lancer plusieurs répliques allant dans ce sens: « Enseigner une langue c’est donner les clés d’un autre monde » car « Un enfant qui ignore sa langue maternelle est comme une arbre sans racine : mort ».
La salle archi comble de cinéphiles heureux n’a pas hésité à faire plusieurs standing ovation pour ce chef d’œuvre. Lequel était d’ailleurs en compétition pour le prestigieux Étalon d’Or de Yennenga au cours du FESPACO 2023. « Sadrack » a reçu le prix du meilleur scénario au festival de KHOURIBGA au Maroc cette même année.
Sidoine FEUGUI