VINDICTE POPULAIRE : INCARCERES POUR AVOIR PASSÉ À TABAC UN VOLEUR

Les deux jeunes hommes dans la vingtaine comparaissent actuellement devant le Tribunal de Grande Instance de Yaoundé pour des actes liés à la justice populaire. 
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Jean et Yves ne se doutaient pas que leur vie prendrait un tournant inattendu à la suite des violences infligées à un voleur. Les deux jeunes hommes dans la vingtaine comparaissent actuellement devant le Tribunal de Grande Instance de Yaoundé pour des actes liés à la justice populaire.

Le 15 février 2024, dans l’après-midi, un cri d’alerte retentit dans le quartier d’Oyom-Abang, dans le septième arrondissement de Yaoundé : « Oh voleur ! Oh voleur ! » Jean et Yves se précipitent pour comprendre ce qu’il se passe. Ils découvrent un individu, au milieu d’une foule, accusé d’avoir tenté de cambrioler une maison. Pour le punir, les habitants ont décidé de rendre justice eux-mêmes en le frappant à plusieurs reprises. Certains utilisaient des bâtons, d’autres jetaient des pierres. Les deux amis se sont joints à la foule pour faire payer au malheureux son méfait. Malheureusement pour eux, les forces de police arrivées sur les lieux ont procédé à leur arrestation et ont emmené le présumé voleur à l’hôpital central, où il succombera quelques instants plus tard à cause de ses blessures multiples, selon les déclarations du Procureur de la République lors de son récit des faits dans la salle d’audience du Tribunal de Grande Instance de Yaoundé. Elle poursuit en expliquant que, d’après l’enquête, l’exploitation d’une vidéo amateur a permis d’identifier clairement Jean et Yves, qui ont lancé de grosses pierres sur le voleur.

Ils sont donc poursuivis pour coups mortels, homicide et meurtre, conformément aux articles 278, 275 et 289 du Code de procédure pénal. S’ils sont déclarés coupables, ils risquent une peine minimale de six ans de prison pour avoir cherché à rendre justice eux-mêmes. L’audience a été reportée au 15 avril. En attendant le verdict final, les deux amis malchanceux sont en détention provisoire à la Prison centrale de Nkondengui depuis leur arrestation en février.

Selon Me Tiemagni, consultant juridique croisé dans la salle d’audience, « notre code pénal ne prévoit pas spécifiquement une infraction appelée « justice populaire », mais les actes qui en découlent peuvent constituer diverses infractions pénales, entraînant des poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs et des complices.

– Lorsque cette pratique conduit à la mort, le code pénal punit sévèrement les auteurs et complices, pouvant entraîner une peine de réclusion à perpétuité en vertu des articles 275 pour le crime de « meurtre » et 277-3 (1) pour le crime de « torture ».

– Lorsque cela conduit plutôt à des atteintes à l’intégrité physique ou corporelle, les articles 228 (activités dangereuses), 277 (blessures graves), 277-3 (2), (3) et (4) (torture simple), 278 (coups mortels), 279 (coups avec blessures graves), 280 (blessures simples), 283 (omission de porter secours), etc., peuvent être retenus contre les auteurs et les complices. »

Sidoine FEUGUI

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