THIERRY DECHILLY : « NOUS VOULIONS QUE MANU DIBANGO SE RACONTE…»
Homme de culture enraciné au pied de l’image et du son, Thierry Dechilly est l’un des prototypes incontesté du 7e art en pleine expansion. Le producteur de films français est la clef de voute du documentaire « 90’ Tonton Manu », co-réalisé avec son ami et confrère Patrick Puzenat. Tenez-vous tranquille, c’est le profil idéal placé au beau fixe. Il est doté d’une exclusivité légendaire dans les contenus de cette méga production de 90 minutes, sorti pour la première fois en novembre 2021 et qui retrace le parcours d’une légende de la musique mondiale. Le consultant expert audiovisuel à l’Institut International de l’Image et du Son (3iS), est un homme aux multiples casquettes : Il est producteur délégué et exécutif de films cinéma, programmes TV, Documentaires, fictions, films de commande et évènementiels pour ne citer que ceux-là. Thierry Dechilly a accepté de répondre à nos questions.
EsbiMédia : Bonjour M. Dechilly Thierry et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions.
Merci !
EsbiMédia : Avant toute chose, avez-vous l’habitude des magazines web africain ?
Il m’arrive de les parcourir quand je tombe dessus et que le sujet m’inspire.
EsbiMédia : Et en qualité d’interviewé?
Pas vraiment, je suis quelqu’un de très discret.
EsbiMédia : Nous l’avons remarqué en parcourant vos différents profils sur les réseau, pas beaucoup de photos… Vous êtes Coproducteur délégué et Coréalisateur du film documentaire « 90’ Tonton Manu ». Pourquoi votre choix s’est porté sur cette icône camerounaise en particulier ?
La plupart du temps lorsque l’on fait du documentaire et notamment cinéma, c’est souvent le fruit d’une rencontre avec une personne ou un sujet quel qu’il soit. Dans ce cas précis, c’est une rencontre que j’ai faite il y’a plus de quinze ans maintenant, Manu et moi avions une relation commune qui nous a fait nous rencontrer. Le temps passant, je me suis intéressé à l’homme, en parallèle de l’Artiste que j’écoutais et j’ai rencontré Michel Dibango, le fils ainé de Manu avec qui j’ai sympathisé, j’ai proposé à Michel de m’accompagner sur un Biopic et entre temps j’ai suivi un peu Manu sur ses concerts et autres endroits où nous nous sommes croisés comme au Cameroun et Côte d’Ivoire, quand j’ai participé à la mise en place des émissions Castel Comedy et Castel Live Opéra. Nos rencontres successives nous ont un peu plus rapprochés et avec mon Ami Patrick Puzenat qui est le co-réalisateur de ce film, nous avons commencé à filmer Manu dans son quotidien professionnelle et artistique, le choix d’un documentaire s’est vite imposé, d’abord pour la Télévision et par la suite pour le cinéma pour donner un caractère plus international et surtout une empreinte indélébile de l’homme qu’il était par son rayonnement.
EsbiMédia : A quel pan de sa vie vous êtes-vous intéressé ?
Nous voulions que Manu se raconte, nous avons profité de sa tournée et de ses 80 ans pour commencer notre histoire, nous voulions faire ressentir au public qui était cet Homme, connu principalement pour sa musique et Soul Makossa, Mais Manu n’était pas que ça, c’était bien plus.
Nous avons voulu montrer toutes ses facettes d’homme reconnu. Ce qui nous a permis de lui faire raconter sa vie en montrant qui il était sur ses cinq dernières années.
EsbiMédia : Comment s’est faite l’écriture et par la suite, le casting ?
L’écriture s’est faite au cours de ses activités artistiques et extra artistiques; nous avons découvert l’épaisseur de l’Homme africain qu’il représentait. Le film est construit comme un roadmovie où on le suit sur trois continents.
EsbiMédia : Comment avez-vous apprécié le tournage de ce film ?
C’est toujours une expérience de filmer et de capter des moments divers de la vie d’une personnalité, je dirai que c’est passionnant…
EsbiMédia : Facile ou complexe ?
Le tournage n’a pas été très simple. Par moment, il fallait se conformer rapidement à l’actualité qu’avait Manu, et c’est Claire Diboa la Manageuse de Manu qui venait vers nous, nous avions l’exclusivité de son actualité et nous étions les seuls à pouvoir être au plus proche. Claire nous a grandement aidé.
EsbiMédia : Partagez-nous votre expérience ?
Beaucoup d’expériences, par exemple, Manu n’aimait pas avoir un micro HF sur lui, mais nous avions ce privilège de pouvoir lui installer, il avait avec le temps confiance en nous et en notre silence si besoin était. Nous avons aussi respecté son intimité familiale à sa demande, ce qui de toutes manières n’apportait pas grand-chose de plus sur l’homme.
EsbiMédia : Quels sont les mots qui forment votre devise dans le cinéma et pourquoi ?
Je dirai qu’une histoire ou une envie qui germe dans la tête de quelqu’un doit voir le jour, cela a été mon cas, une idée, une envie, un destin et pour moi c’est cela le cinéma, savoir raconter histoire et quand cela est fait, que c’est le mérite d’exister.
EsbiMédia : Le film sera en projection le 24 juin prochain en France. Votre sentiment à l’approche de ce grand jour ?
Nous avons d’abord fait une sortie nationale en France en novembre 2021, dans une période pas très simple dûe à la pandémie du covid19. Depuis il fait et continue à faire le tour du monde dans des festivals et remporte des prix ou de belles sélections, ce qui gratifie l’œuvre mais aussi cela permet de garder vivante l’image de Manu. Pour ce qui est de la projection du 24 juin, c’est toujours un honneur de voir son film en salle et de le redécouvrir dans les yeux du public et de pouvoir avoir des échanges après sa projection.
EsbiMédia : Y’a-t-il une scène/attitude qui vous a marqué dans cette réalisation ?
Ce qui marque le plus dans ce film c’est la joie de vivre de Manu et c’est ce que Patrick et moi avons vécu auprès de lui pendant toutes ces années de tournage. Nous nous sommes intégrés comme pouvaient l’être ses musiciens et c’est tous ces partages que nous retrouvons symboliquement dans le film.
EsbiMédia : Vous êtes connu pour avoir réalisé plusieurs productions audiovisuelles. Auteur du court métrage « Quand la roue tourne », producteur et réalisateur du documentaire 52’ « Génération future », producteur délégué de nombreux films de cinéma, programmes TV, fictions de commande et évènementiels, qu’est-ce qui vous emmène dans le cinéma ?
La vie a toujours quelque chose à nous offrir, il faut s’ouvrir aux autres et au monde qui nous entoure pour le découvrir. D’une passion étant petit, à jouer en se racontant des histoires, et en gardant une âme d’enfant, on peut arriver à vivre des expériences qui correspondent vraiment à nos intentions, c’est un peu mon parcours. J’ai été curieux de la vie dans son ensemble…
EsbiMédia : Depuis combien de temps exercez-vous ?
Je gravite dans cet environnement depuis plus de trente ans maintenant, ayant commencé au début de la chaine en assistant régie, puis j’ai eu des expériences en tant qu’électro et machino. Mais j’ai commencé vraiment avec une caméra VHS de l’époque à filmer de l’acrobatie moto dont j’étais friand. Puis de fil en aiguille, le fruit de rencontres et je passe d’assistant à caméraman, puis réalisateur, puis producteur…
EsbiMédia : Avez-vous suivi des formations particulières ?
J’ai beaucoup appris sur le tas, et après j’ai fait une formation de JRI « journaliste reporter d’image » qui m’a permis de travailler pour des émissions de Canal+ et de tourner des documentaires pour France TV.
EsbiMédia : Vos différentes fonctions jouent-elles un rôle dans votre évolution dans le cinéma ?
Plus notre vie s’enrichit d’expériences, qu’elles soient personnelles ou professionnelles, plus tout cela jouent un rôle dans notre évolution et notamment dans le milieu de l’art et celui principalement du cinéma.
EsbiMédia : Quelle est votre ambition première ?
Continuer à vivre de ce qui m’anime, écrire des scenarii et raconter des histoires avec un fond drôle.
EsbiMédia : Quelle serait votre plus grande réussite ?
Avoir un film de fiction long métrage, que j’aurai écrit, voir le jour.
EsbiMédia : Après Manu Dibango, quelle autre illustre figure africaine pourriez-vous produire en un film documentaire ?
Je ne peux pas vous répondre à ce jour pour garder le secret, mais avec Patrick Puzenat nous avons l’ambition d’en faire une collection.
EsbiMédia : Merci M Dechilly Thierry pour votre disponibilité
Je vous en prie !
Entretien mené par Cyrille Ella