TETE A TETE AVEC SOFIA ALAOUI

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« LE CINEMA EN AFRIQUE, JE PENSE QU’IL TEND A DEVENIR DE PLUS EN PLUS INDEPENDANT »

Sofia Alaoui (33 ans) a grandi entre le Maroc et la Chine. Née d’un père Marocain et d’une mère Française en 1990, au Maroc, la jeune réalisatrice et scénariste a fait ses marques dans le 7e art en Afrique et dans le monde. A 23 ans, elle autoproduit « Le Rêve de Cendrillon », une fiction sortie en 2013. Dans sa vie, le cinéma tient une place de choix. En plus de sa passion pour l’image et le son (enthousiasme développé surtout après les aventures qu’elle a vécu avec la caméra que lui a offert son père lors de ses voyages en Asie), Sofia Alaoui n’est pas une autodidacte du cinéma. Elle a suivi des études dans ce domaine respectivement à l’école supérieure d’études cinématographiques (ESEC), à l’’école internationale de création audiovisuelle et de réalisation (EICAR), à l’école publique consulaire    Gobelins, et enfin à l’école nationale supérieure des métiers de l’image et du son (La Fémis), en France. Attentionnée avec une souplesse inouïe dans ses actes, Sofia Alaoui a le cœur qui bat la chamade contre les violences sur toutes ses formes. Sa dernière réalisation est un long-métrage intitulé « Animalia », un drame franco-marocain qui raconte l’histoire d’une jeune femme de condition modeste, mariée à un jeune homme issu d’une famille riche, méprisée et brimée par cette dernière. Un film écrit, réalisé par elle et sorti en 2023. Avec cette production, elle a déjà remporté le prix spécial du jury au Festival du film de Sundance 2023 et reste aussi en compétition pour d’autres distinctions honorifiques. Forte de son expérience dans le 7e art, elle accepté de partager avec nous son avis sur la vision du cinéma africain hors du continent.

EsbiMedia : En Afrique, quel est le cinéaste qui vous a le plus marqué ?

En Afrique, le cinéaste qui m’a le plus marqué est Youssef Gabriel Chahine qu’on peut découvrir sur Netflix. C’était un réalisateur, scénariste et producteur égyptien né le 25 janvier 1926 à Alexandrie et mort le 27 juillet 2008 au Caire. Il a réalisé une quarantaine de films de fiction et documentaires

EsbiMedia : Votre top 5 des meilleurs festivals internationaux de film dans le monde

Pour moi c’est Sundance le meilleur festival puisque c’est lui que je connais mieux. Parce que c’est un festival, sans bling, qui est très attentif et qui va vraiment rechercher des jeunes auteurs. Donc pour moi c’est un festival qui m’a repéré avec mon court-métrage. C’est un peu ma famille. Pour les autres, il y a plein, il y a Carlo Viva cette année, et il y a évidemment d’autres festivals petits

EsbiMedia : Avez-vous des rêves à court et à long terme ?

Mes aspirations !!!

J’aimerais qu’on soit dans un monde beaucoup plus conscient, beaucoup plus empathique,  qu’on puisse être capable d’essuyer les larmes de l’autre, qu’on n’ait pas peur de l’inconnu, qu’on ne juge pas les gens. Ça c’est mon rêve. Si on parle des ambitions professionnelles, moi j’espère continuer de faire le cinéma que j’aime et que je touche un public. J’aimerais être associé à ma petite case parmi les cinéastes africains et peut-être parmi les cinéastes du monde.

EsbiMedia : S’il faut faire un rapprochement, comment appréciez vous la pratique du cinéma en Afrique et en Europe ?

Le cinéma en Afrique, je pense qu’il tend à devenir de plus en plus indépendant. Je pense qu’on a envie dans chaque pays qu’on raconte notre propre histoire. Du coup, notre propre histoire va se raconter sans stéréotypes, sans clichés et ça c’est important. Parce que je trouve que l’Afrique souffre beaucoup des clichés que l’Europe. Comme l’Europe est très forte dans le cinéma, on a besoin d’eux et  c’est des rapports qui sont importants à entretenir. Mais à la fois il faut aussi s’émanciper de ce rôdeur là

EsbiMedia :  En trois dates importantes, quels sont les meilleurs moments inoubliables de votre vie ?

En trois dates importantes, je vois peu de choses. Mais des données très importantes dans ma vie de cinéaste. D’abord le 3 février 2020, mon court-métrage « Qu’importe si les bêtes meurent » qui remporte le grand prix du jury au Festival du film de Sundance aux Etats Unis. Un an plus tard, j’ai reçu le césar du meilleur court-métrage de fiction.

Ensuite le 20 janvier 2023, après la sortie de mon long-métrage  » Animalia« , le film a connu sa première mondiale au festival de Sundance 2023. Il a même remporté le prix spécial du jury. Enfin je dirais qu’il y a aussi le 31 janvier 2023 qui marque la naissance de mon premier enfant. Merci

EsbiMedia : Enfin, quel est le conseil que vous pouvez prodiguer aux jeunes cinéastes qui rêvent de faire du cinéma un métier à vie?

Moi je dirais aux cinéastes de ne pas avoir peur de faire, de ne pas attendre ce qui va plaire aux festivals, de faire ce qu’ils ont envie de faire même si ça ne va pas plaire beaucoup de gens au début. Ce qui compte c’est de tisser sa place, de tisser sa voie au fur et à mesure. Je pense que c’est ça qui fera le changement aussi. Les cinéastes africains doivent apprendre à s’écouter, de faire des histoires qui les ressemble et de ne pas trop penser côté carrière, festival parce que ça c’est des choses qui cassent la créativité

EsbiMedia : Merci pour votre disponibilité

Le plaisir est partagé !

Entretien mené par Cyrille Ella

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