« LE BOUT DU TUNNEL » : MÉMOIRE D’UNE VIE « INACCOMPLIE »
Rosalie Gladys Bessini a choisi de rendre hommage à sa tante Bonne Année, une femme béti du Cameroun décédée prématurément il y a 13 ans, à travers son film documentaire « Le Bout du tunnel ». Un film de 52 minutes qui explore les notions de mémoire, de reconnaissance et d’expression personnelle dans une société traditionnelle.
Originaire de la communauté béti, Rosalie Gladys Bessini a grandi imprégnée des codes et valeurs de cette culture africaine où « la vie n’a de sens qu’en termes de progéniture, de biens et de longévité ». Lorsque sa tante Bonne Année, une femme sans enfant ni mari, est décédée à la fleur de l’âge des suites de son asthme et d’une longue dépression, elle s’est vue refuser les honneurs funéraires traditionnels car sa vie était jugée « inaccomplie ».
Pis encore, le livre que Bonne Année avait écrit pour témoigner de son « impuissance face à une société camerounaise hostile à l’expression des jeunes » a mystérieusement disparu après sa mort. C’est ce vide mémoriel que Rosalie Gladys Bessini a entrepris de combler à travers son film.
Menant une véritable enquête auprès des proches de sa tante et fouillant dans ses affaires personnelles, la réalisatrice est parvenue à retrouver des fragments de ce précieux manuscrit. Elle s’en sert comme fil rouge pour retracer le parcours de cette femme singulière, malmenée par les conventions de sa communauté.
Au-delà du portrait intime, « Le Bout du tunnel » pose la question fondamentale de la reconnaissance des vies « inaccomplies » aux yeux de la tradition. En témoignant en faveur de sa tante auprès de l’autorité coutumière, Rosalie Gladys Bessini entend réhabiliter sa mémoire et, au-delà, celle de tous ceux qui n’ont pas suivi le chemin balisé.
Rédacteur : Sidoine FEUGUI
Relecture : Ivane MESSI