TETE A TETE AVEC EDOUDOUA NON GLACE
De son vrai nom Athanase Mvondo, Edoudoua Non Glacé est un comédien et humoriste camerounais, originaire de la région du centre, qui depuis le début des années 2000 égaie le public à travers des sketchs. Mentor de la troupe « coup de balai » puis plus tard « coup de balai+ », les sujets qu’il aborde n’ont de cesse de mettre en lumière les réalités du quotidien de l’africain. En ce début d’année 2022, il a accepté de répondre à quelques unes de nos questions.
Bonjour Edoudoua, et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions.
Bonjour EsbiMedia, merci pour l’intérêt.
Comment a débuté l’année 2022?
Très bien merci
Des résolutions pour l’année qui commence à peine?
Pas spécialement, j’ai des projets à concrétiser, y’a la coupe d’Afrique des Nations, j’y joue ma partition et ça se passe plutôt bien.
En quelle qualité vous y êtes?
En qualité de comédien (rires), c’est mon métier.
Justement, comment vous définissez-vous, acteur, comédien ou les deux? De votre point de vue, qu’est-ce qui fait la différence?
(Rires) Je pense que je suis comédien et acteur, je ne pense pas qu’il y’ai une grande différence. Je fais de la comédie mais j’incarne les personnages à la perfection, pour moi les deux vont de paire.
Comment étaient vos débuts? Avez-vous démarré cette activité en vous disant « je vais devenir riche et célèbre » ?
Je ne pense que j’ai eu des débuts, comme vous me voyez dans les sketchs ou lors de mes prestations scéniques, c’est comme ça que je suis en réalité. Je joue, parce que ce sont des sketchs etc. mais sans efforts. Dieu dans sa grâce a permis que ma nature me permette de gagner mon pain quotidien.
Quelle a été votre plus grande déception durant votre parcours?
Ma plus grosse déception c’est lorsque je perd mon artiste « Ottou », je comptais beaucoup sur elle, elle avait un énorme talent et sa mort a été un véritable choc pour moi. Elle a fait partie de la troupe « Coup de balai+ ».
Lauraine Ottou perd la vie des suites de maladie en 2012, comment êtes-vous parvenu à surmonter cette épreuve!?
C’était très très dur, très dur. Je n’ai pas pu la surmonter mais on accepte et on avance, C’est Dieu qui est l’auteur de toute chose, quand il décide, que peut-on faire mis à part accepter la réalité.
Parlons justement de « coup de balai »… Quelle en est la genèse, comment s’est constituée l’équipe?
Bikarata et moi faisions déjà beaucoup de sketchs en radio, à la fm 94. Un jour nous avons été contacté par madame Pauline Biyong qui est la présidente fondatrice de la ligue pour l’éducation de la femme et de l’enfant. Elle nous a demandé si nous pouvions écrire des sketchs relatifs au VIH Sida pour le compte des ONG financés par la banque mondiale. Nous avons accepté et nous nous sommes mis au travail. Après avoir lu nos textes, elle nous a demandé d’en faire un film. Ce que nous avons fait. C’était donc les prémices de « coup de balai ». Lorsque le film « Mon laisser passer » a été mis sur pieds, nous nous sommes dit, pourquoi ne pas continuer dans la même lancée? Nous avions, dans la foulée, embarqué Mbatam et Nivaquine, deux comédiennes très talentueuses.
Quelle était l’essence de vos sketchs, la base, le but, les thèmes?
Nous faisons des sketchs pour éduquer, et pousser les uns et les autres à changer de comportement. Même si c’est drôle, il y’a toujours une leçon à tirer dans tout ça. On ne fait pas du « just for fun », notre travail est interpellateur, non agressif et dilué par le rire.
2000, vous êtes découvert à la télévision via canal2 International… coup de balai…ensuite coup de balai+…vos productions marchaient bien et pourtant il y’a eu rupture avec Bikarata, votre acolyte, pourquoi?
Il n’y a pas vraiment eu de rupture entre Bikarata et moi, je tiens tout d’abord à le préciser (rires). Il y’a eu un problème au niveau du contrat. Lorsque nous devions signer le contrat à Canal2 International, Madame Colette Chatue a demandé si nous préférions avoir un contrat individuel ou collectif, Bikarata a demandé un contrat individuel pour chacun d’entre nous; ils ont dit oui mais Birata et la direction ne se sont pas entendu sur le montant. Le PDG de Canal2 voulait nous donner 200.000 FCFA par mois, avec 150.000 FCFA en espèce et 12.500 FCFA de crédit de communication toutes les semaines. Bikarata a refusé, il voulait 200.000 FCFA en espèce, je ne pouvais pas me permettre de refuser, j’avais une famille. J’ai essayé de le convaincre d’accepte, en vain. C’est comme ça qu’on s’est séparé; le « Coup De Balai » que nous avions créé au départ, je ne pouvais plus l’utiliser, j’ai donc réuni une troupe avec de nouveaux membres et je l’ai baptisé « Coup De Balai+ ».
Aujourd’hui vous diffusez vos productions sur Youtube, après une absence très remaquée en télévision, pourquoi?
Le digital occupe une place importante aujourd’hui dans la paysage audiovisuel. Tout le monde y est et j’y travaille en étant plus sérein. Je produis à mon rythme, je diffuse à mon rythme et mon paiement se fait simplement. Je n’ai aucune migraine.
Avez-vous écarté l’idée de travailler avec une télévision?
Non, pas du tout. Si un patron de télévision veut travailler avec moi, il me le fait savoir, on va s’entendre. Mais c’est moi qui produit et diffuse sur ma chaîne Youtube avant qu’il l’utilise.
Comment se fait votre rencontre avec votre partenaire fidèle, Zakougla?
Lorsque Bikarata refuse de signer son contrat avec Canal2, je fais un casting pour recruter des comédiens et constituer ma troupe « Coup De Balai+ », je voulais une femme forte et elle a été retenu. Je lui ai promis de faire d’elle la meilleure comédienne de l’année et j’ai tenu ma promesse, elle a remporté le trophée.
D’où viennent vos surnoms?
(Rires) C’est un ami, quand j’étais en classe de 1ere au lycée d’Obala, qui m’a donné ce surnom, j’ignore pourquoi. Moi-même j’ai ajouté Non Glacé. Mais dans la tribu Eton d’où je suis originaire, il y’a des gens qui portent ce nom.
Celui de Zakougla, c’était après avoir écouté une chanson d’Anne Marie Nzié, j’ai trouvé que ce nom résonnait comme elle, la démarche et tout (Rires). Les autres noms viennent en fonction de l’inspiration.
Vous êtes vu à l’international grâce à canal+, sur des plateaux africains, très souvent en compagnie d’autres comédiens, est-ce une continuité naturelle relative au talent ou alors vous aviez prévu cette exposition depuis le départ?
Dans la vie il y’a le travail, il y’a la chance, parce que quand tu travailles, tu ne sais pas qui te regarde. J’étais donc regardé par la femme du comédien Mamane, c’est une marocaine. Elle était amusée par mes sketchs et c’est elle qui parle de moi à son mari. Lorsqu’il veut lancer Le Parlement du Rire, il parle de moi à Digbeu Cravate et Gohou (que j’avait dejà rencontré et qui appréciaient mon travail), c’est comme ça que je me retrouve sur les plateaux de l’émission diffusée sur Canal+.
Mais le talent seul ne suffit pas, il y’a beaucoup de choses qui font que les gens te fassent confiance. J’ai fait beaucoup de plateaux: Abidjan Capitale du Rire, Le Marrakech de Rire, etc. Je prie beaucoup, j’évite de faire du mal aux gens et je travaille.
Êtes-vous fier aujourd’hui de ce que vous avez accompli?
Je dis merci au Seigneur pour tout ce que j’ai fait jusqu’ici. Le public en redemande et mon véritable adversaire c’est moi-même. Je dois toujours être meilleur qu’hier et ça demande beaucoup de rigueur, de travail et d’inspiration; c’est d’ailleurs pour ça que je ne bois plus (rires).
L’humour/l’actorat/la comédie…nourrit-il son homme? pouvez-vous entretenir votre famille avec ce seul métier?
Quand on fait bien quelque chose, Dieu bénit les efforts. Même si je travaille à Camtel, on ne m’aurait pas pris si je n’avais pas été Edoudoua Non Glacé. Oui, l’art nourrit son homme; je vis principalement des spectacles, des prestations un peu partout.
Quelle est votre plus grande réussite?
J’ai beaucoup de réussites (rires).
Avant, je regardais Gohou, Jamel Debbouze, Digbeu, à la télévision en me disant que ce sont des dieux du métier, inapprochables… Aujourd’hui, j’ai leurs contacts, je les vois assez souvent et je preste à leurs côtés. J’ai construit une maison, je suis marié et j’ai de magnifiques enfants; tout ceci est possible grâce à mon don et je dis merci au Seigneur.
Un conseil à ces jeunes qui s’inspirent de vous?
Les jeunes, avec internet est-ce qu’ils écoutent même encore les conseils?
En tout cas, travaillez, rapprochez-vous des aînés, écoutez et mettez en pratique leurs conseils, soyez des repères et des références pour votre environnement. Evitez la vie de débauche, les clashs inutiles et surtout priez beaucoup car c’est Dieu qui donne l’inspiration.
Merci Edoudoua de vous être rendu disponible.
Merci à vous.
Entretien mené par Almason.