JEAN-MARIE TENO, UN CINÉASTE ENGAGÉ

Ses films ont été salués par la critique internationale mais ont été interdits de diffusion au Cameroun...
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Jean-Marie Teno est un réalisateur, monteur et producteur de cinéma camerounais. Né le 14 mai 1954 à Famleng, Bandjoun dans la région de l’Ouest, il est considéré comme l’un des cinéastes africains les plus prolifiques et les plus critiques, qui aborde dans ses films des thèmes comme la censure, les violations des droits humains, la mondialisation et les effets du colonialisme et du néocolonialisme.

Jean-Marie Teno a étudié la communication audiovisuelle à l’Université de Valenciennes en France. Il a travaillé comme critique cinématographique pour Bwana Magazine et comme chef-monteur vidéo à France 3. En 1983, il réalise son premier court métrage documentaire « Schubbah », après avoir reçu les encouragements de Souleymane Cissé, un célèbre réalisateur africain. En 1992, il réalise son documentaire Afrique, « je te plumerai » qui parle  des effets du colonialisme et du néocolonialisme au Cameroun. En 1996, il tourne « Clando », son seul long métrage de fiction, qui raconte l’histoire d’un informaticien camerounais qui fuit la répression politique et se retrouve clandestin en Allemagne.

Jean-Marie Teno est également producteur de ses propres films avec la société Les Films du Raphia. Il a été en 2007-2008 « visiting artist » dans le cadre de Copeland Fellow à Amherst College, et en 2009-2010 « visiting professor » à Hampshire College dans l’Etat du Massachusetts. Il vit entre la France, le Cameroun et les États-Unis.

Jean-Marie Teno se définit comme un « cinéaste engagé » qui cherche à « éveiller les consciences » et à « questionner l’histoire ». Ses films sont souvent des essais documentaires qui mêlent des images d’archives, des interviews, des témoignages et des commentaires personnels. Il aborde des sujets sensibles comme la corruption, la dictature, la violence, l’identité culturelle, la mémoire collective ou encore le rôle de l’éducation.

Ses films ont été salués par la critique internationale mais ont été interdits de diffusion au Cameroun. Jean-Marie Teno a déclaré dans une interview qu’il avait été convoqué par le Directeur de la Télévision du Cameroun qui lui avait dit que ses films ne seraient jamais diffusés. Il a également dénoncé les difficultés de financement et de distribution du cinéma africain.

Jean-Marie Teno a réalisé une vingtaine de films, à l’instar de « Chef! » sorti en 1999. un documentaire qui explore le rapport entre le pouvoir et le peuple à travers le portrait d’un chef traditionnel au Cameroun, « Vacances au pays » (2000): un documentaire qui raconte le retour au pays du réalisateur après dix ans d’absence, « Le Malentendu colonial »  (2004): un documentaire qui retrace l’histoire du colonialisme en Afrique et ses conséquences actuelles, «  Lieux saints » (2009): un documentaire qui s’intéresse aux pratiques religieuses au Cameroun et à leur rapport avec la politique et la société, « Une Feuille dans le Vent »  (2013): un documentaire qui suit le destin d’une jeune femme qui a survécu au génocide rwandais et qui cherche à se reconstruire.

Jean-Marie Teno a reçu de nombreux prix et distinctions pour ses films, comme le Prix de la Fédération Internationale des Ciné-clubs au Festival international de films de Fribourg (Suisse) pour son long métrage « Clando ».  Le Prix du public au Festival du cinéma africain de Milan (Italie); Le grand prix au Festival Vues d’Afrique de Montréal; Prix des Droits de la Personne au Festival Vues d’Afrique de Montréal. Le prix UICN et prix des Assureurs Africains au FESPACO;  le prix du Documentaire au Festival Vues d’Afrique de Montréal.

Son documentaire  « Afrique, je te plumerai » remporte le  prix du documentaire au Festival de Troia;  et le prix du jury O.C.I.C. aux Journées cinématographiques de Carthage; Prix pour la Solidarité dans le monde aux Journées cinématographiques de Carthage.

 Christelle Noah

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