ERIC EBODE : « CINEMA CAMEROUNAIS…IL Y’A DE L’ESPOIR »

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En 2023, Eric Ebode trône sur 13 ans de carrière dans le cinéma camerounais. Pas dans n’importe quel rôle : il est actuellement le journaliste d’investigation dans la série « Pouvoir et Loi », actuellement diffusée sur TV5 Monde Afrique.

Originaire de la région du centre, ce digne fils Eton répond au principe selon lequel « soyez autodidactes, n’attendez pas que la vie vous donne des leçons. C’est la volonté qui créera l’harmonie intérieure de votre âme ». Homme de culture passionnée par les métiers de l’audiovisuel et cinématographique, il joue  son tout premier rôle d’acteur dans un film en 2010, alors qu’il sort fraichement d’une formation en froid et climatisation. Autrefois formé au jeu d’acteur conjointement sur le terrain et à l’Institut Française du Cameroun (IFC), le cinéaste est polyvalent et enchaine des apparitions dans les longs métrages à succès. Eric Ebode a accepté de partager son expérience d’acteur avec EsbiMedia.

EsbiMedia : Bonjour M Ebode et merci d’avoir accepté notre invitation

Bonjour à vous EsbiMedia, c’est à moi de vous remercier de vous être intéresser à  ma modeste personne.

 EsbiMedia : Avant toute chose, avez-vous l’habitude des magazines Web camerounais?

Oui, je pense que c’est ma 3eme ou 4eme intervention sur un magazine web au Cameroun et à l’international.

EsbiMedia : Ok, qu’est-ce qui enclenche le déclic qui vous fait penser que vous pourrez réussir dans le domaine de l’actorat?

Ce qui déclenche en moi l’envie d’être acteur, c’est la diffusion de la série « Orphelin ».  Le personnage Essola interprété par Salomon Tamfo, que je salue d’ailleurs, m’a tellement inspiré. J’étais admiratif de ce personnage; donc j’ai voulu suivre les pas.

EsbiMedia : Quel est le souvenir que vous avez de votre tout 1er rôle dans le cinéma ?

La nostalgie !  Quand tu es déterminé et que tu penses que tu peux apporter quelque chose de neuf au cinéma, tu te bats pour y arriver. C’est pour vous dire que cette première participation s’était faite dans un film que j’avais moi-même financé et qui n’est jamais sorti. J’étais envahi par la rage (rire).

EsbiMedia : Comment ça se passe pour que vous acceptiez un rôle? Pouvez-vous jouer n’importe quel type de rôle?

Je suis ouvert à tout le monde. Petit comme  grand,  c’est la même chose pour moi.  Cependant, il y’a quand-même des petits détails à prendre en compte. Il y’a par exemple un bon script, des personnes sérieuses, une équipe dynamique et ambitieuse.  Le reste, c’est un travail d’équipe.

EsbiMedia : Nous avons pu apprécier vos prestations dans des longs métrages camerounais « la nuit des temps » de Blaise option,  « pouvoir et loi » qui passe sur TV5Monde, « Ronning to Njigoumpe » de Ousmane Stéphane qui passe actuellement sur CINAF TV, « cendres de l’amour » de William Ndongo, etc… avez-vous suivi des cours d’art dramatique ?

Oui j’ai eu la chance de passer entre les mains des français et des Belges ici au Cameroun, au Centre Culturel Français par Gérard Essomba Mamy. J’ai aussi fait un atelier avec Oncle OTSAMA, Daniel Ndo. J’ai roulé ma bosse un peu hein (rire).

EsbiMedia : Comment faites-vous pour perfectionner votre art au quotidien?

Moi je suis un féru du travail. Je ne m’arrête jamais de travailler psychologiquement. Physiquement, je travaille sur mes faiblesses tout le temps. Ce n’est vraiment pas facile.

EsbiMedia : Avant d’être acteur, avez-vous, à un moment donné, dû cumuler deux activités? Si oui, pouvez-vous nous raconter votre expérience..?

Oui bien sûr. Je suis un technicien de formation. J’ai fait F5 : froid et climatisation. Même actuellement quand je ne suis pas sur les plateaux de tournage, il y’a des moments où j’exerce mon second métier. Non, je n’aime pas cumuler des activités. Je ne permets jamais que cela arrive.  Si dans un cas ou un autre cela venait à arriver, je choisirai le jeu d’acteur.  Je laisserai tomber l’autre même comme c’est souvent plus lucratif

EsbiMedia : M Ebode, est-ce que le cinéma au Cameroun nourri-t-il son homme?

Non pas du tout ! Même ceux qui prétendent avoir réussi comme acteur(ICE),  dans ce métier au Cameroun, ils sont  très pauvres  par rapport à nos collègues d’à côté. Hors en Côte d’Ivoire par exemple,  Gohou Michel, Willy Mbo ou  Djigbe Cravate ne sont pas obligés d’ouvrir des snacks, des restaurants, des centres de décapage, ou bien  faire du tapage sur Facebook pour espérer  avoir quelques sous,  être égérie pour des marques qui ne cadrent pas avec vos convictions, afin d’arrondir leurs fins du mois. Ils ont des contrats faramineux. Je ne parle pas du Nigeria. Ici au Cameroun, on trouve que donner 1 million à un acteur relève d’une performance hors norme, un parcours digne d’un combat de UFC remporté haut la main par le géant Ngannou, timbré d’une once de supériorité et de pitié digne d’un clergé, qui fait « un don » aux villageois qui sans leurs offrandes, il aurait fermé boutique. C’est tout simplement déplorable.

EsbiMedia : Peut-on dire donc, dans une certaine mesure, que vous avez été désillusionné?

Oui comme tout Camerounais qui grandit avec des rêves, les voir peu à peu se dissiper nous fait revenir sur terre…vite. Après ma formation je me voyais tutoyer le cinéma européen et mondial parce que j’ai toujours pensé que j’ai cette capacité, mais hélas!

EsbiMedia : Quel est le rôle d’acteur qui vous a le plus marqué? 

J’ai fait un court-métrage ça ne fait pas un mois. Un huis clos qui a pour titre « L’otage Mahal ». Dans cette production,  je représente le personnage  MAYENGA,  un homme qui braque une pharmacie juste pour sauver la vie de sa famille qui lutte contre la mort au bloc opératoire. Une réalisation des apprenants du centre de formation de la CRTV. Ce personnage m’a beaucoup marqué, j’espère que ce film sera diffusé un jour pour le bien des téléspectateurs et de mes fans. Il y’a aussi le personnage de Sam ELONGA,  journaliste d’investigation dans «Pouvoir et loi ».  C’était une création personnelle.

EsbiMedia : Quel regard portez-vous sur le cinéma camerounais qui semble aujourd’hui en plein essor?

J’ai un double regard sur le cinéma camerounais: admiratif et critique. Admiratif parce qu’il y’a de l’espoir, critique parce qu’à mon avis, on met la charrue avant les bœufs. On valorise l’envie d’être une star avant le travail. Résultat des courses, on a des vedettes qui ne peuvent pas te décrire ou t’expliquer ce que c’est qu’un personnage ou un rôle. Comment dire un texte, c’est quoi la déclamation et comment l’utiliser ? Ou même t’expliquer son déplacement scénique. Je ne vous parle même pas de la différence entre un personnage et sa propre personne. Après 10 films, le téléspectateur s’ennuie. Il croit avoir vue le même film plusieurs fois parce qu’on a utilisé le même acteur avec la même coiffure.  Nous les acteurs nous devons travailler ce côté-là. Il faut aussi que les producteurs apprennent à donner les scripts bien longtemps avant aux acteurs et les mettent dans des meilleures conditions de travail.  Après cela, je pense que nous aurons des résultats extraordinaires, nous avons du potentiel.

EsbiMedia : Y’a-t-il des choses que vous auriez fait autrement dans votre carrière, si l’occasion vous était donnée..?

Dans les personnages que j’interprète, je suis un grand critique de soi. Je pense toujours que je peux faire mieux même si les gens apprécient. Mais à part ça, tout va bien.

EsbiMedia : À ce stade de votre carrière, vous pouvez affirmer que vous êtes un homme comblé ?

Je serai comblé quand j’aurai passé la journée avec Grâce decca, faire un film avec Eric Eboiney, Taraji P Henson, Viola Davis et Samuel l Jackson. Pour l’instant, je dois encore faire mes classes.

EsbiMedia : Quels sont vos projets à court et à moyen terme?

Je projette réaliser un court-métrage sur les enfants de la rue. J’ai déposé une demande de soutien à la CRTV et au Ministère des Arts et de la Culture. J’espère que j’aurai une réponse favorable.

EsbiMedia : Quel est votre modèle dans le cinéma camerounais ?

Gérard Essomba, Salomon Tamfo.  J’aime bien André Bang

EsbiBMedia : Merci M. Ebode de vous être rendu disponible pour EsbiMedia

C’est à moi de vous dire grand merci.

Entretien mené par Cyrille ELLA

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