TÊTE A TÊTE AVEC OLIVIA BIFFOT

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Il y’a quelques semaines, le feuilleton « MamiWata, le Mystère d’Iveza » a fait son apparition dans les programmes de Canal+ Première. Exposé à grands renforts d’annonces, le feuilleton gabonais de 08 épisodes a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Une occasion de s’intéresser à l’actrice principale de cette œuvre qui renferme à la fois : suspens, sorcellerie et drame. Olivia Biffot qui incarne le rôle de Oliwina, a accepté de nous accorder quelques minutes de son temps, pendant ses vacances de fin d’année.

EsbiMédia: Bonjour Olivia, merci d’avoir accepté notre invitation.

  • Bonjour, merci de m’avoir invité.

EsbiMédia: Vous êtes une actrice confirmée et très appréciée aujourd’hui, parlez-nous de votre cursus scolaire et académique.

  • J’ai un parcours assez atypique et privilégié. J’ai eu la chance de grandir au Gabon, en France, en Angleterre, en Corée du Sud, et en Afrique Du Sud. Ensuite, j’ai obtenu un Master en Gouvernance et Politique Publique de L’Université de Sheffield en Angleterre. Je me destinais à une carrière en affaires publiques, mais au moment de passer les entretiens d’embauche j’ai eu des doutes sur mes motivations. J’avais l’impression de répondre à une certaine pression sociale assez présente en Afrique, qui veut nous faire croire que la réussite n’a qu’un seul visage, et ne se trouve pas dans l’art. Au même moment, un ami qui travaillait avec une boite de production pour Canal +, m’a dit que j’avais le profil idéal pour être Miss Météo. Il m’a mise en contact avec la directrice de casting, et quand je lui ai demandé ce que je devais préparer elle m’a répondu « rien, viens comme tu es ». Le principe de faire un métier ou je peux être moi-même me parait encore magique. Après ça, je me suis donnée un an pour prendre une décision finale. Au bout de 8 mois je tournais dans deux longs métrages.

EsbiMédia: Avez-vous fait des études pour devenir actrice ?

  • J’ai suivi une formation avec Niels Arestrup à Paris, au Théâtre de L’Œuvre. Avoir comme professeur un acteur doublement Césarisé était une expérience incroyable. Après avoir obtenu son deuxième César, Niels était en cours le lendemain matin avec nous. Il m’a tout appris sur la sacralité du métier d’acteur. Il ne suffit pas d’avoir du talent, il faut surtout une discipline de fer.

EsbiMédia: On a pu apprécier votre jeu dans fastlife aux côtés du franco-camerounais Thomas Nguidjol, comment s’est fait votre « enrôlement » dans ce long métrage?

  • Je venais à la base pour un rôle de figurante intitulé « femme de footballeur » et j’ai su saisir ma chance. Au moment de prendre les photos, la directrice de casting m’a demandée si je savais jouer, et j’ai répondu que Niels Arestrup était mon professeur. Elle m’a donné un texte à apprendre, je suis revenue pour un deuxième casting, et le soir, elle m’a appelée en me disant que Thomas voulait me voir. Là je me suis dit que ça devait être un rôle important. J’ai rencontré Thomas et on a joué la scène de boite de nuit. Puis il y a eu un quatrième casting, qu’on appelle « casting d’alchimie » pour savoir ce que je donnerai à l’écran avec mon autre partenaire de jeu Clément Moreau. Le tournage était génial, j’en garde un super souvenir. Thomas est adorable et sa femme Karole avec qui j’ai partagé l‘écran aussi.

EsbiMédia: Vous avez également joué dans une web série intitulée « Ça rime à rien« … Racontez nous l’histoire de cette aventure…

  • Oui, “Ça rime à rien” suit un rappeur qui tente de réussir en France. J’y joue Mina, la copine du rappeur. Avocate, elle est beaucoup plus terre-à-terre et ne comprend pas le métier de son copain. La série a été un beau succès, elle a fini sur BET France.

EsbiMédia: Nous avons vu un extrait de film dans lequel vous sembliez avoir des pouvoirs surnaturels…capable de faire bouger les choses par le pouvoir de la pensée… « Nellie », c’est quoi exactement?

  • « Nellie » est un magnifique court-métrage réalisé par Jane Rosenthal et qui se déroule durant les années 60 aux US, au moment où les lycées ont été forcé d’accepter des étudiants noirs. J’y joue Nellie, une lycéenne qui fait sa rentrée. Victime de racisme, elle se défend avec ses pouvoirs de télékinésie. On a tourné sur le plateau de la série «Teen Wolf», c’était assez impressionnant, le plateau était une reconstitution parfaite d’un lycée, tout ça dans un hangar.

EsbiMédia: Vous vivez aux Etats Unis, vous parlez couramment anglais et français, avez-vous d’autres langues en stock?

  • Oui, l’espagnol. D’ailleurs c’est mon objectif de l’année 2022, de me vendre en Amérique Latine, car il y a une belle communauté noire là-bas.

EsbiMédia: Vous avez le rôle principal de la série réalisée par votre sœur, Samantha Biffot, « MamiWata Le Mystère d’Iveza », actuellement en diffusion sur Canal+ Première, avez-vous été choisie parce que vous êtes la sœur de la réalisatrice ?

  • Samantha ne voulait pas que je joue Oliwina, je ne représentais pas le personnage qu’elle avait créé. Oliwina devait être jouée par une actrice noire enracinée dans les réalités du Gabon, l’opposée de moi, métisse à Los Angeles. Après 6 mois de casting, les réalités l’ont rattrapée. Comme le Gabon n’investit pas dans les Arts, qu’il n’offre pas la possibilité aux multiples talents gabonais de développer leurs dons artistiques, elle ne trouve personne. Il n’y pas d’actrices gabonaises de l’âge d’Oliwina, formées professionnellement, qui puissent supporter le poids de ce rôle : 8 épisodes d’une heure, 5 mois et demi de tournage, plus de 300 pages de texte. Ils ouvrent à la diaspora, mais Canal + veut une gabonaise. A côté, il y a moi, une franco-gabonaise formée à Paris par Niels Arestrup, un acteur doublement Césarisé et le Conservatoire de Los Angeles. Deux longs métrages dont Fastlife qui est en plus sur Canal +. C’est extrêmement dur d’exploser en sanglot face caméra avec 50 techniciens sur un plateau. Pas une fois, mais 10, 15 fois, pour couvrir tous les angles de la caméra. Faire les mêmes mouvements, les mêmes déplacements… « Il faut pleurer à cette phrase, tu as pleuré trop tôt, tu pleures trop fort, t’as de la morve c’est pas raccord ». C’est une discipline très difficile l’acting, un art avec des techniques qu’il faut apprendre et maîtriser. Le Gabon regorge de diamants bruts, je les ai vus mais… Le Gabon n’investit pas dans ses talents. J’étais donc taillée pour relever ce défi.

EsbiMédia: Qu’est-ce qui était le plus difficile pour vous, lors du tournage de « MamiWata »?

  • Les conditions et la durée du tournage. Cinq mois et demi dans un personnage dépressif, à travailler 6 jours sur 7, forcément ça pèse sur le mental. Il faut tenir le rythme et à un moment, la fatigue nous rattrape. J’ai été hospitalisée juste avant Noel, clouée au lit, j’avais trop tiré sur mon corps. Je me suis reposée et je suis repartie tourner, mais ça devenait de plus en plus dur de me concentrer, d’apprendre mon texte de faire des scènes intenses. L’outil numéro 1 de l’acteur c’est son corps, et la fatigue et le stress les pires ennemis.

EsbiMédia: Quel est votre plus beau souvenir pendant ce tournage-là?

  • Sans hésiter les trois semaines passées au Cap avec quelques techniciens. On a demandé à rester sur le lieu de tournage pour pouvoir dormir plus longtemps. Le soir on décompressait en parlant, en dansant. Il n’y avait pas d’eau courante mais on s’en fichait parce qu’il y avait une super ambiance et un bel esprit d’équipe.

EsbiMédia: Lorsque vous vous regardez jouer, qu’est-ce que vous pensez de vous-même? Est-ce que vous aimez vous regarder jouer?

  • Je déteste me regarder jouer. Quand je joue, je joue, je cherche à transmettre l’émotion sans me soucier de ce à quoi je ressemble. Du coup à l’écran je découvre mon visage, quand je pleure, quand je rigole, quand je suis triste… et je n’aime pas.

EsbiMédia: Quelle lecture faites vous du cinéma fait au Gabon?

  • Que sans investissement, le cinéma ne peut pas vivre. Le talent et les artistes sont là, mais il faut leur donner les moyens d’exceller dans leur art. J’espère que Mami Wata permettra de changer les choses.

EsbiMédia: Quelle est votre actualité ?

  • Je m’ajuste à mon nouveau statut (rires). J’étais sur deux projets d’écriture, une série et un long métrage mais depuis la sortie de Mami Wata, mon emploi du temps a pas mal changé. Ça reste encore très surprenant pour moi d’avoir des fans qui m’envoient des messages de partout en Afrique : Gabon, Cameroun, Sénégal, Cote D’Ivoire, Benin etc. Entre les demandes d’interviews, les messages sur les réseaux sociaux, et les propositions professionnelles, je suis pas mal occupée. J’ai pour objectif de finir l’écriture de la série avant la fin de l’année et d’ensuite choisir mes projets 2022.

EsbiMédia: Quels sont vos projets à court terme…à long terme..?

  • A court terme, je vais profiter des vacances pour me reposer (rires) parce que je sens que l’année 2022 va être chargée. J’ai la double casquette scénariste et actrice, et j’ai été approchée pour des projets sur les deux terrains.

Propos recueillis par Almason

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