MAHAMAT SALEH-HAROUN, LA COLOMBE BLANCHE DES REFUGIES DU MONDE

Agé  de 62 ans, il a 27 ans de carrière dans le cinéma pour 19 films et séries produits...
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Avec Mahamat Saleh Haroun, il n’est jamais trop tard. Lorsque le  31 janvier 2018, le film « Une Saison en France », sort officiellement dans les salles de cinéma en France,  le réalisateur Tchadien  Mahamat Haroun, décide enfin d’ajouter à sa vaste carrière cinématographique, l’affaire des personnes défavorisées et contraints d’abandonner leurs lieux de résidence, à la recherche de la paix. Le film explore avec subtilité le vécu des réfugiés. Mais pour le cinéaste africain, c’est le début d’un combat qui fera de lui un avocat autodidacte, un homme politique d’influence dans son pays en proie à la guerre depuis de longues années.  Ses prises de positions changent, ses discours aussi. Désormais, selon ce dernier, « Pour trouver sa voie, la culture est la seule arme ».

Mahamat Saleh-Haroun est né en 1961 à Abéché, chef-lieu de la région du Ouaddaï et du département de Ouara, la troisième ville du Tchad après la capitale N’Djaména et Moundou la capitale économique du pays. Il est cinéaste et ancien ministre de la Culture du Tchad. Cet  homme de culture qui a vu le jour en Afrique, est un professionnel du 7e art, formé au Conservatoire libre du cinéma français, en France  et aussi journaliste. Son amour pour le cinéma l’amène à être  réalisateur, scénariste et acteur. Agé  de 62 ans, il a 27 ans de carrière dans le cinéma pour 19 films et séries produits. Il est connu pour son film « Un homme qui crie », une réalisation qui avait remporté le Prix du Jury au Festival de Cannes 2010. Ancien refugié de guerre, Mahamat-Saleh Haroun s’est réfugié au Cameroun en 1980 lors de la guerre civile dans son pays avant de s’envoler pour la France.

C’est le premier réalisateur Tchadien qui se présente comme un réalisateur africain majeur. Après un essai dans la production des courts-métrages, il produit en 1999 le documentaire Bye Bye Africa qui peut être considéré comme le premier film tchadien. Dans cette production,  Mahamat Saleh-Haroun se met en scène dans une fiction tournée comme s’il s’agissait d’un documentaire. Dix ans après son départ du Tchad, il retrouve un pays qui a été dévasté par la guerre. L’œuvre reçoit le Prix Luigi De Laurentiis au Festival de Venise quelques temps après sa sortie.  Ensuite, en 2002, il entame la production du film « Abouna », en arabe, littéralement traduit rn français comme « Notre père », une Comédie dramatique d’1h 24 m. Ce chef d’œuvre met en scène deux enfants (Tahir et Amine, 15 et 8 ans) qui sont à la recherche de leur père qui a quitté la maison du jour au lendemain. Une fiction mélancolique sortie le 19 mars 2003 qui a été récompensée au Festivals de Hong Kong, Kerala et Ouagadougou.  Après « Darrat » sorti en 2006, le réalisateur Tchadien enchaine des longs-métrages à succès tel que « Grigris » en 2013, « Hissein Habré », une tragédie tchadienne (documentaire) en 2016 et plus récemment le film « Lingui, les liens sacré » en 2021. Mahamat Saleh Haroun a été Membre du Jury de la Cinéfondation et des Courts Métrages du Festival de Cannes 2014.

Son hymne pour les refugié est signé en 2018. Un projet qui date de longues dates. Après Grigris présenté en 2013 au Festival de Cannes et de nombreux documentaires et fictions consacrés au conflit tchadien, Mahamat-Saleh Haroun, également ministre de la culture du Tchad, s’intéresse avec Une saison à Paris à la question des réfugiés et des demandeurs d’asile. Le metteur en scène voulait, avec ce film, questionner la mémoire de l’exil qui se fabrique en France et montrer des visages que l’on ne voit pas souvent dans le cinéma dominant.  C’est dans cette optique qu’« Une saison en France »voit le jour en hommage aux réfugiés syriens et centrafricains. Contrairement aux réfugiés syriens par exemple, les réfugiés africains en général sont moins médiatisés. Pourtant le 20 juin marque bien la journée mondiale des réfugiés partout dans le monde.

Cyrille Ella

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