TÊTE À TÊTE AVEC GÉRARD DÉSIRE NGUELE AMOUGOU

« Je pense que réussir à faire un film comme « Destinée », le présenter au public, à notre public surtout, c’est déjà une réussite. J’espère juste avoir… »
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Le cinéma africain est un vivier de talents émergents et de voix uniques qui cherchent à redéfinir l’industrie cinématographique internationale. Parmi ces cinéastes talentueux se trouve Gérard Désiré Nguele Amougou, un réalisateur camerounais passionné et dont les réalisations suscitent l’admiration. Il est un modèle inspirant, qui use du 7e art pour stimuler le dialogue, susciter la réflexion et véhiculer des messages percutants. Sa passion pour le travail, contribue à changer les perceptions sur l’Afrique et à donner une voix aux réalités souvent négligées de son pays et de l’Afrique en général.

Dans cette interview exclusive, nous-nous entretenons avec le cinéaste pour explorer son parcours, ses réalisations, ses inspirations et les influences qui guident son travail. Entre « Deuxième classe », « Bonne Nouvelle », « Noce de coton » et « Destinée », préparez-vous à plonger dans l’univers créatif de ce réalisateur visionnaire.

EsbiMedia : Bon après-midi Gérard Désiré Nguele ! Et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. 

Merci madame. Pareillement !

EsbiMedia : Avant toute chose, avez-vous l’habitude des magazines web camerounais ?

Non malheureusement ! Parce que je ne suis pas un grand lecteur du web. J’ai encore un peu de mal avec les réseaux sociaux et c’est certainement dû à mes problèmes de vue. Donc l’exposition très longue devant un certain type d’écran me pose un souci.

EsbiMedia : Vous êtes auteur de plusieurs œuvres. Parlez-nous de votre parcours dans le monde du cinéma.

Bien ! C’est un parcours qui est simple. Je m’intéresse dès mon jeune âge au cinéma donc, dès le collège et après mes études de droit, je trouve enfin l’opportunité de pouvoir intégrer une école de cinéma. J’ai débuté ma formation en cinéma en 2000. Je fais mon premier film  professionnel en 2001 intitulé « Deuxième classe », un documentaire.  Je termine d’abord mes études de réalisation puis de production en 2005 et depuis tout ce temps, je n’ai pas arrêté d’être dans le milieu du cinéma. Je dirais qu’il a été un parcours comme un autre, avec ses difficultés, ses joies, ses succès et ses échecs ; échecs dès quels j’ai beaucoup appris, échecs qui m’ont permis de mûrir et d’arriver là où j’en suis.

EsbiMedia : Qu’est-ce qui vous dirige vers le 7ème art ?

Alors ! Euh ! Je ne sais pas ! Je ne vais pas dire que je suis né avec une caméra mais, je me suis toujours senti à l’aise avec le monde des arts et les arts de la scène. Cela a été un catalyseur dès le début parce qu’au collège je faisais déjà du théâtre comme comédien et par la suite metteur en scène du théâtre. J’imagine que c’est de là qu’est né ma passion vers le cinéma, principalement dans le sens de faire du cinéma, parce que dans le sens de regarder des films c’est depuis tout petit que je le fait.

EsbiMedia : Depuis combien de temps exercez-vous dans l’univers cinématographique ?

Depuis 23 ans. J’ai entamé en 2000 avec une formation et depuis lors je n’en suis pas sorti.

EsbiMedia : Avez-vous suivi des formations particulières ?

Oui ! Je n’ai fait que ça ! C’était l’un de mes principaux objectifs. J’ai fait un lot de formations pour celles qui se résument en atelier en séminaire. Mais pour les plus construite et  les plus addictives, j’ai un diplôme d’Etat en production obtenu à la FEMIS, à Paris, en juin 2005.

EsbiMedia : Parlez-nous de vos productions en tant que réalisateur.

Alors ! C’est le film « Deuxième classe » qui est un documentaire de 26 minutes que vous pouvez retrouver sur le réseau social YouTube en visionnage libre (EsbiMedia : Nous ne manquerons pas de le visionner). C’est un film qui a été tourné dans un train entre Mbalmayo et Otele. J’ai voulu démontrer le lien entre les populations de ces localités et la ville de Mbalmayo, dans un contexte de manque de voix de locomotion. Nous étions trois dans cette réalisation. Moi, réalisateur, Narcisse Doumbè, caméraman et Nicolas Olomo, preneur de son. Cela a été une aventure extraordinaire. Elle compte d’ailleurs parmi mes meilleures aventures cinématographiques. Je pense que si vous regardez le film vous comprendrez pourquoi. On s’’est bien amusé et appliqué. Nous aimions ce que nous faisions. Il y avait une énergie, une cohésion que j’ai rarement retrouvé sur des productions et cela reste l’une de mes meilleures expériences.

EsbiMedia : Le film « DESTINÉE », est votre nouveau bébé. Pourquoi le choix de ce titre ?

Le titre « Destinée » vient de l’influence de l’œuvre d’Alfred De Vigny, Les Destinées. C’est une œuvre que j’ai eu le bonheur de lire et d’apprendre en classe de Terminale et qui a considérablement influencé ma vie. Alors ! N’ayant aucune création ex nihilo, j’ai pensé à en faire un scénario.

EsbiMedia : Comment s’est faite l’écriture et le casting ?

La première version du scénario de « Destinée » a été élaborée en 2016 et au fil du temps nous avons essayé de l’améliorer avec les retours de lecture de différentes personnes et les avis des uns et des autres. C’est pour cela qu’il est important pour moi de prendre le temps de laisser reposer, de relire, de goûter et de sentir, pour voir si je suis vers le bon chemin. Et donc nous n’avons pas arrêté d’apporter des éléments, d’en soustraire certains jusqu’à la veille du début de la production et même pendant la production. Le casting qu’en t’a lui, il a été tout simple et s’est fait en deux temps. Dans un premier temps en écrivant il y a des visages des personnages que j’avais en tête. La tête d’affiche, Axel Abessolo,  en réalité s’est imposée au moment même de l’écriture. Je voyais  difficilement quelqu’un d’autre jouer ce rôle. En second, il fallait travailler sur la recherche des visages, des caractères, des postures et des carrures qui correspondent exactement au profil des personnages qui sont décrit.

EsbiMedia : Comment avez-vous apprécié le tournage de votre chef-d’œuvre ?

Bon ! Est-ce un chef-d’œuvre ? Je ne sais pas, je voudrais l’espérer. Euh ! C’était une belle aventure ; une aventure humaine très enrichissante de pouvoir vivre cette conjugaison de volonté. Cette multiplication d’énergie, ce groupe de personne, cette petite main mise ensemble pour pouvoir créer une œuvre ; c’est exaltant, c’est épuisant, c’est enrichissant, ce sont des aventures qu’on oublie et qu’on espère revivre davantage.

EsbiMedia : Facile ou complexe ?

Bien évidemment il n’y a pas d’œuvre facile. Tout est complexe parce que pour arriver à transformer l’écrit dans une mise en scène ; euh ! Arriver à y intégrer tous les détails, à mettre toute la philosophie, toute la poésie qu’on pourrait souhaiter, à tenir en compte toute les sensibilités, Non ! C’est forcément très complexe et on compte avec ses collaborateurs pour pouvoir relever ce défi et braver ce challenge.

EsbiMedia : Quelle est votre première ambition et quelle serait votre plus grande réussite ?

Alors ! Je ne sais pas ! J’ai peut-être arrêté d’avoir des ambitions (rire). J’en avais quand j’étais plus jeune et à 30 ans je pense que j’avais réalisé tous mes rêves, j’avais accompli toutes mes ambitions. Donc il faut que je prenne le temps de me reconstruire de nouvelles ambitions et des ambitions prétentieuses (rire). Pour ma plus grande réussite, je ne sais pas. Je pense que réussir à faire un film comme « Destinée », le présenter au public, à notre public surtout, c’est déjà une réussite. J’espère juste avoir l’opportunité de renouveler ce type d’expérience, de me surpasser et de proposer davantage des choses intéressantes à notre public.

EsbiMedia : Nous allons nous intéresser à votre vie privée. Avez-vous une conquête ?

Oh là ! Je suis un peu vieux donc il y a des choses qui ne sont plus de mon âge. Des conquêtes ! Cela reste un souvenir de jeunesse (rire). Pour le moment on va essayer de faire du cinéma.

EsbiMedia : Vieux vous dites ? Quel âge avez-vous ?

J’ai 45 ans en 2023.

EsbiMedia : Et vous suggérez que des conquêtes restent un souvenir de jeunesse ?

Oh oui ! C’est une époque qu’on a déjà vécu. Maintenant il s’agit de faire autre chose. Je pense que vous les jeunes vous devez la vivre.

EsbiMedia : Avez-vous des enfants ?

Oui j’ai des enfants. J’ai cinq adorables enfants dont je suis le géniteur et par extension j’en ai plein d’autres. Parce que c’est toute ma vie ; avoir des enfants.

EsbiMedia : Pourquoi votre biographie est presque effacée sur internet ?

Je n’ai jamais pensé qu’il était important que le monde entier sache qui je suis ou qu’est-ce que je fais. J’ai toujours pensé que mes œuvres étaient plus importantes que moi. Et je continue de penser ainsi.

EsbiMedia : Après « DESTINÉE », qu’est ce qui suit ?

Alors ! Nous avons dans le tiroir un certain nombre de projet aligné. Nous sommes en train de travailler en ce moment sur la production du prochain long métrage. Je vous donnerai les détails en temps opportun.

EsbiMedia : D’accord, nous restons en éveil. Merci pour votre disponibilité.

Beaucoup de courage à vous ! Et merci pour votre intérêt.

Entretien mené par Manuella MANGA

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